La dimension économique de la prévention

Classé dans la catégorie : Général

Nombreux sont les acteurs de la construction à affirmer que la prévention, ça coûte ! En raison de leur caractère réglementaire et obligatoire, les actions de prévention ne font généralement pas l’objet d’une valorisation de leur impact par les entreprises qui en restent donc à leur seul coût apparent.

L’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) a voulu aller plus loin dans la compréhension de ces impacts économiques au travers d’une étude microéconomique menée pendant deux ans sur 101 cas d’actions de prévention minutieusement analysés et valorisés de façon comptable, puis validés par les entreprises concernées.

S’il faut se garder de toute extrapolation mathématique, les résultats d’ensemble de cette étude sont convaincants : oui, faire de la prévention contribue le plus souvent à améliorer la performance globale de l’entreprise, dont sa performance économique.

L’OPPBTP a donc, au cours d’une conférence intitulée « la Dimension Economique de la Prévention », dévoilé les résultats de l’étude dans le détail, ceux-ci sont également regroupés dans un recueil disponible, à l’achat ou en téléchargement, sur le site . www.preventionbtp.fr

Une approche comptable selon une méthodologie pointue

L’OPPBTP a d’abord adopté une méthode « comptable » mais dans beaucoup de cas, en l’absence de comptabilité analytique, les entreprises ne disposaient pas d’un grand nombre de paramètres nécessaires aux évaluations. L’OPPBTP a donc été amené à les calculer avec la validation de l’entreprise.

L’ensemble des dépenses entrainées par l’action a été considéré :

  • Investissements
  • Formation (pour la prévention en elle-même ou pour un équipement, un changement d’organisation,…)
  • Exploitation (consommation énergétique d’un matériel, fournitures supplémentaires,…)
  • Entretien
  • RH (coûts salariaux des personnels dédiés totalement ou en partie à la prévention, ceux des personnels sur les activités liées (conception, étude,…)).

En outre, pour évaluer les gains, l’Organisme a listé l’ensemble des impacts positifs observables sur le compte de résultat :

  • Production : poste principal de gain qui recueille la différence avant/après des temps passés en production et valorisé au coût de revient des personnels concernés, sur la durée considérée.
  • Achats
  • Qualité : gains observables et quantifiables liés à la qualité (réduction des couts de reprise et rebut, SAV, garantie,…). Cependant beaucoup de gain liés à la qualité ont été signalés sans qu’il soit possible de les chiffrer.
  • Marge sur CA additionnel : suite à leurs actions de prévention, certaines entreprises peuvent attaquer de nouveaux marchés ou dégager des marges de manoeuvre permettant d’accroitre le nombre de chantiers à réaliser.
  • Prime d’assurance : l’amélioration de la prévention a permis dans de nombreux cas de diminuer les primes d’assurance.

Des résultats très positifs

S’il faut se garder de toute extrapolation mathématique, les résultats d’ensemble sont convaincants : oui, faire de la prévention contribue le plus souvent à améliorer la performance globale de l’entreprise.

Positifs pour la prévention

D’une part, les cas étudiés sont représentatifs d’actions concourant à des améliorations de la prévention sur tous les axes, à des niveaux majoritairement importants. En effet, on observe des réductions fortes ou des suppressions complètes du risque visé sur les axes sécurité, santé et pénibilité, de l’ordre de 55 à 73%.

Positifs en termes de développement durable

L’OPPBTP a observé que 58% des actions étudiées sur l’échantillon ont un impact non nul en faveur de l’environnement. En effet, des produits moins agressifs pour l’homme le sont aussi souvent pour l’environnement.

D’autres actions contribuent au développement durable tout en améliorant les conditions de travail : le tri sélectif et le recyclage peuvent structurer l’organisation du chantier, le passage à l’utilisation de matériels innovants s’accompagne souvent d’une meilleure gestion de l’énergie, la réduction du risque routier s’accompagne d’une réduction de consommation,…

Positifs sur le plan économique

Cette étude révèle déjà que la prévention a un impact économique chiffrable et s’avère souvent rentable. Sur les 101 cas étudiés, 93 génèrent plus de gains que de coûts, ce qui donne un rendement moyen (gains/coûts) de 2,19 ! Ainsi globalement pour 100€ dépensés dans une action en faveur de la prévention, l’entreprise retire 219 € de gains, soit un bénéfice net de 119 €.
Et ces résultats sont d’autant plus probants dans les TPE où le rendement global est supérieur à 3.
Le payback moyen est égal à une année et demie pour des actions de prévention dont la durée moyenne est de 5,2 ans.

La prévention est donc à la portée de toutes les entreprises, en particulier des TPE, avec des moyens mesurés et sans trop pénaliser la trésorerie. En effet, un quart des actions coutent moins de 5 000 € et présentent un rendement 10 fois supérieur à la moyenne.
De plus, l’étude démontre que les actions réduisant la pénibilité présentent de meilleurs résultats que les autres et deviennent des facteurs de performance.

Enfin, même les bilans négatifs sont gagnants. Sur les 101 actions étudiées, 7 présentaient un rendement inférieur à 1, c’est-à-dire des coûts supérieurs au gain en retour. Pourtant le rendement moyen de ces actions s’élève à 0,66, ce qui signifie que les gains ont permis de couvrir les deux tiers des dépenses. Le bilan est donc plutôt positif puisque la prévention des risques est assurée et qu’elle coute bien moins cher que ce qu’on imagine initialement.

L’OPPBTP a regroupés les résultats détaillés au sein d’un recueil et les cas étudiés y figurent sous formes de fiches classées par type d’action et distinguées selon les métiers qu’elles concernent.

En savoir plus sur l'étude La dimension économique de la prévention.

Auteur : communiqué de l'OPPBTP.

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