Le suicide en entreprise, ne perdons pas de vue l'essentiel

Classé dans la catégorie : Général

On en entend beaucoup parler en ce moment, mais ce n'est pas parce qu'on en parle plus maintenant qu'il y a plus de suicide maintenant qu'avant...

On entend à longueur de journal télévisé, radiophonique ou papier qu'il y a eu un nouveau suicide chez France Telecom - Orange, que le ministre prend les choses en main... c'est du pain béni pour les médias et les syndicats.

Il faut remettre les choses dans leur contexte. A priori, il n'existe pas de statistique sur les suicides au travail, même si ceux-ci peuvent être reconnus par l'assurance maladie. Il faut donc se rabattre sur des statistiques globales : en France, le taux de suicide est en moyenne de 23 pou 100 000, et certainement sous évalué. Ce qui place les cas de France Telecom en dessous de la moyenne : 25 cas en 18 mois pour un effectif de 187 300 au 31/12/2007 (Wikipedia) ; soit un taux de 8.5 pour 100 000/an. Donc, vu sous cet angle, rien d'alarmant, alors pourquoi tout ce harcellement de la part des médias ?

Plutôt que de nous dire qu'un nouveau cas a eu lieu, que le N° 2 s'est fait éjecté... il serait beaucoup plus intéressant de connaitre l'évolution des cas chez Orange sur ces dernières années, ou de faire une comparaison avec d'autres sociétés de même type. Il n'en reste pas moins que le passage de France Telecom à Orange c'est une évolution brutale de la culture de l'entreprise (lire l'article Etude de cas des suicides chez Orange - France Telecom) avec des objectifs contradictoires : devenir une entreprise libérale, rentable et rester un service publique... le choc était inévitable, et la responsabilité est surtout à imputer à l'état.

J'ai entendu une réflexion qui m'a semblé intéressante : il est également possible que la médiatisation des cas de suicide chez Orange amène de nouveau cas de suicide chez Orange. C'est un cercle vicieux et morbide : le fait de savoir que son suicide servira à quelque chose puisse pousser à se suicider.

Des statistiques, il ressort également qu'une grande part des personnes qui se suicident (ou tentent) aient consulté leur médecin dans les mois précédent le passage à l'acte. Il faudrait certainement mettre en place une procédure de prise en charge plus efficace. Il existe des campagnes pour la sécurité routière (1ère cause de mortalité), alors pourquoi pas pour la prévention des suicides (2ème cause de mortalité) ?

Pour en finir, je trouve que les médias se complaisent souvent dans le sensationnel, et créent une certaine mode de l'information avec une vision écrémée de l'information. Et même si on peut trouver un côté positif au fait de parler de ce type de sujet (souvent tabou), on a accès au résultat, rarement à la cause.

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