La mise à mort du travail

Classé dans la catégorie : Général

Réaction sur deux émissions diffusées par France 3.

Résumé de la première partie (Lundi 26 octobre à 20h35)

Dans un monde où l’économie n’est plus au service de l’homme mais l’homme au service de l’économie, les objectifs de productivité et les méthodes de management poussent les salariés jusqu’au bout de leurs limites. Jamais maladies, accidents du travail, souffrances physiques et psychologiques n’ont atteint un tel niveau. Les histoires d’hommes et de femmes que nous rencontrons chez les psychologues ou les médecins du travail, à l’Inspection du Travail ou au conseil de prud’hommes nous révèlent combien il est urgent de repenser l’organisation du travail.

Résumé de la deuxième partie (Mercredi 28 octobre à 23h00)

Alors que la crise fait vaciller le capitalisme financier, La Dépossession raconte l’extraordinaire pouvoir des actionnaires sur le travail et les travailleurs. L’histoire nous transporte d’une usine Fenwick – un fabricant industriel de matériel de manutention implanté dans le centre de la France – jusqu’aux arcanes de la finance new-yorkaise. Petite entreprise française née il y a 150 ans, Fenwick est racheté en 2006 par l’un des financiers les plus redoutés des États-Unis, Henry Kravis. Un homme à la tête du fonds d’investissement KKR, dont les ventes annuelles dépassent celles de Coca-cola, Disney et Microsoft cumulées. Avec ce rachat, pour les salariés français de Fenwick, la donne va radicalement changer. Cette même histoire se déroule dans des dizaines de milliers d’entreprises à travers le monde…

Vous trouverez sur le site de France 3 des vidéos extraites de ces deux émissions.

Réactions

J'ai été heureux de mettre un visage sur l'auteur, Marie Pezé, d'un livre dont je vous avais déjà parlé. Article du 10/02/09 "Les TMS origine d'un risque professionnel" (le livre "Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés" de Marie Pezé aux éditions Pearson). Cette psychologue du travail reçoit des personnes victimes de harcèlement en entreprise, et ces témoignages sont importants, ils montrent à quel point cela peut être insidieux et à quel point cela peut atteindre les gens. Par exemple, une femme qui en a perdu ses cheveux, traduction physique d'un mal psychique. Le travail peut construire comme détruire. Et j'en sais quelque chose.

 

Dans la seconde partie, c'est un tout autre aspect, on remonte beaucoup plus haut à la source du problème. On y parle notamment du financier Henry Kravis (51000 € de l'heure 24h/24), du fond d'investissement KKR, qui rachète des sociétés en investissant environ 1/3 de la valeur d'achat, et en contractant un emprunt sur le dos de la société pour le reste. Ce type d'opération force la société rachetée à générer plus de profits en augmentant ses ventes et en réduisant ses coûts de fonctionnement pour rembourser les emprunts.

Alors comment augmenter les ventes ? Simple, un cabinet de consultant va extraire les connaissances des meilleures vendeurs pour appliquer leurs recettes aux autres vendeurs.
Et comment réduire les coûts de production ? En appliquant la méthode du Toyotisme (issue de Toyota), qui est une évolution du Taylorisme. Le but est d'impliquer les employés pour chercher les pertes de déplacement, "l'amélioration" des conditions de travail, les pertes de place... Chacun y va de son idée pour rapprocher la désert à outil, raccourcir le chemin pour aller chercher les pièces, etc...

Dans ces deux cas de figure, c'est l'employé qui se coupe l'herbe sous le pied. Cela aboutit à des objectifs encore plus élevés, à une augmentation des cadences, et globalement à transformer un peu plus l'homme en robot, et comme on aboutit à des gains de productivité, on a besoin de moins de personnel... La boucle est bouclée, les actionnaires peuvent enfin dégager plus de profits et revendre la société.

On arrive à une dérive perverse du capitalisme, ce sont les financiers qui s'enrichissent par la spéculation, faire de l'argent uniquement pour l'argent, avec comme conséquence la destruction du travail. Ce type de méthode appauvrie le pays et use prématurément les travailleurs. Il ne faut pas oublier que les déplacements "inutiles" des ouvriers, pour aller chercher une pièce ou un outil, leur permet également de déconnecter momentanément de leur tâche, de se "dégourdir" les jambes, ce qui doit certainement prévenir les risques de TMS. D'ailleurs, à la fin du reportage, ils disent que suite à ces "améliorations des conditions de travail", les accidents du travail ont augmenté ; cherchez l'erreur.

D'ailleurs, à ce propos, il y a des négociations en cours pour intégrer les méthodes de management aux problèmes de violence et harcèlement en entreprise. Ce qui ne va pas être chose facile.

Auteur : D. BART, inforisque.fr

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