Estimer les coûts indirects d’un accident du travail…

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Dans le cadre de sa mission de prévention, la CRAM Alsace-Moselle a mis à disposition des entreprises un outil leur permettant d’estimer les « coûts indirects », souvent lourds mais ignorés, d’un accident du travail.

Interview Express
André Antoni, Chargé de communication, CRAM Alsace Moselle

Agir Mag. : En quoi le calcul des coûts indirects d'un accident renforce la prévention ?
André Antoni : Tout simplement parce que les arguments économiques sont ceux qui portent le plus de nos jours. Surtout dans les petites entreprises, où les « coûts non assurés » (ou coûts indirects) peuvent mettre à mal la survie même de la société en raison des sommes énormes pouvant être en jeu.

Agir Mag. : Comment fonctionne cet outil ?
A. A. : C'est un outil accessible en ligne depuis notre site très simple d'utilisation qui s’adresse à toutes les entreprises. Ce service ne demande pas forcément de recourir à la comptabilité ou à tout autre personnel spécialisé. De manière très simple et schématique, on décrit d'abord l'accident, le secteur d'activité, le nombre de salariés, et on finit par déterminer le salaire brut horaire moyen de l'entreprise. C’est à partir de ce dernier critère que le coût indirect des accidents va être déterminé. Ce logiciel va permettre notamment de calculer le temps perdu, à commencer par le temps perdu par la victime le jour de l'accident, celui perdu également par les autres salariés, par l'encadrement,... Au total, une cinquantaine d'items très ciblés comme par exemple la nécessité de faire intervenir un prestataire extérieur pour sécuriser une zone en cas d'accident, permettent d’envisager presque toutes les éventualités.

Agir Mag. : Quel est le principal intérêt pour l'entreprise?
A. A. : Il est de mettre en lumière le coût réel d’un accident du travail pour l’entreprise. Cette démarche a pour but de démontrer qu'une dépense de prévention n'est pas forcément si chère que ça, même dans des entreprises où il y a très peu d'accidents. A travers cet outil, on offre le moyen de réaliser une estimation ; d’où la possibilité de comprendre, par exemple, qu'une personne qui se casse une jambe en tombant d'un escalier en mauvais état peut coûter plusieurs milliers d'euros, alors qu'il aurait suffi de remplacer des marches endommagées pour quelques centaines d'euros… On avance ainsi des arguments concrets pour investir dans la prévention. Il en va de même pour le coût du remplacement en cas d'accident d'un salarié : trouver un remplaçant, le sélectionner, le former… Encore une fois, une telle mobilisation coûte de l'argent à l’entreprise…

Plus d’informations : www.cram-alsace-moselle.fr/cout-accident

Source : Agir-mag.com

Réactions...

M-M's le :

Tout d'abord, Bonjour à tous et Bonne rentrée, en pleine forme !!!

Ah, les fameux coûts indirects des accidents de travail... Soit ils sont bien souvent trop ignorés, ou l'entreprise fait la politique de l'autruche, histoire de ne pas (trop) voir... C'est le cas de celles qui manifestent une sainte allergie à la notion d'accident du travail... Parce que trop conscientes de ce que justement celà peut coûter...
D'où l'intérêt de prévenir plutôt que se retrouver dans l'obligation de colmater les brèches... Quoi de mieux, finalement, que d'éviter d'avoir affaire à ces coûts indirects ? - Une action de prévention adaptée...

Un exemple, qui est pratiqué dans l'entreprise où je travaille - chantier de BTP - : Les exercices d'échauffements musculaires (dont le but est d'éviter entre autres les claquages musculaires à froid le matin), d'une durée de 10 mn, avant la prise de poste des compagnons :

Certains chefs de chantier estiment que, prendre ces dix minutes sur le temps de travail, c'est comme leur "voler la journée" : alors ils empressent le compagnon à commencer le travail sans s'échauffer, sous peine de remontrances...
Le parfois inévitable claquage musculaire se produit; Le compagnon, pensant que "ce n'est rien, çà va passer", va continuer son travail... Jusqu'à ce que les premières complications se manifestent, la douleur du muscle touché s'intensifie, le travail devient pénible à continuer, obligeant le compagnon à se présenter à l'infirmerie ou auprès du secouriste.

Dans les meilleurs des cas, il sera immobilisé entre une demi-heure ou trois quarts d'heures, à l'infirmerie si ce n'est plus, le temps de faire les soins pour apaiser la douleur (application de poches de froids, mise du muscle au repos, administration d'antalgiques...)
En fonction de la gravité de la situation, il pourra se retrouver aux urgences, en moyenne entre deux et quatre heures d'attente... Autant de temps en perte de travail pour le chantier, autant de préjudice pour le compagnon...

Plus délicat encore, pour peu que la situation du compagnon nécessite un arrêt de travail, pouvant aller de plusieurs jours à une semaine voire plus... Autant de manque à gagner pour l'entreprise, sans compter les pénalités dont elle va devoir être redevable envers la CRAMIF, les coûts liés au remplacements du compagnon, pour ne citer que celà... et le compagnon, qui devra patienter avant de retrouver sa bonne santé...

En définitive, c'est un peu "cher payé", ces dix minutes que le chef pensait gagner, en ne permettrant pas au compagnon de s'échauffer...

Les coûts indirects n'attendent que ce genre d'incidents, pour se manifester... Plus la hiérarchie se soucie de la bonne santé du salarié, d'améliorer les conditions du travail, et moins ces coûts indirects auront de raison d'être... Chacun y trouvera son compte, même la Sécu !
Bonne fin de semaine à vous tous.

Pour réagir, connectez-vous !

Les derniers produits des risques professionnels