Construction: les risques professionnels facteurs de surmortalité

Par rapport au reste de la population française, les travailleurs de la construction présentent un risque accru de mortalité prématurée (avant 65 ans) toutes causes, ainsi qu’un excès de mortalité par accidents, en particulier par chutes accidentelles.

C’est la principale conclusion d’une étude (1) publiée mardi 21 juillet dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS).

Menée par Anne Thuret de l’InVS de Saint-Maurice (Val-de-Marne), l’étude a été réalisée sur une cohorte de 97.981 hommes âgés de 20 à 64 ans, dont 12.788 s’étaient déclarés travailleurs de la construction au moment du recensement de 1968, sur une période de 25 ans (1974 à 1999).

1.908 décès ont été constatés parmi ces travailleurs tout au long de cette période. Premières causes de décès: les tumeurs malignes (41,6%) et les pathologies non cancéreuses (40,9%).

(1) Analyse de la mortalité prématurée dans le secteur de la construction, Anne Thuret et al., Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 21 juillet 2009, n°30

Auteur : par Victor Roux-Goeken, JDLE

Réactions...

MM'S le :

(Hélas) Pas surprenant...

Les personnes qui travaillent dans le BTP, surtout les "compagnons" (coffreurs, boiseurs, bancheurs...), y sont sans conteste les plus exposés.

Je note un redoutable contraste entre ce très, très beau métier, mais alors, à quel prix : tous ces risques auxquels ils sont en permanence exposés : inhalation des huiles, des solvants, des émanations de la laitance du ciment et autres produits chimiques, les ultra fines poussières... Chaque parcelle de leur corps est menacée : du fait des chutes, des coups, des diverses blessures, des efforts musculaires à froid le matin, les projections de toutes sortes...

Une des observations que j'ai pu faire sur le terrain , qui favorise de beaucoup tous ces inconvénients est l'estime qu'ils portent d'eux-mêmes, et du métier qu'ils font : Considérés par beaucoup comme relevant "du bas de l'échelle", se sentant parfois traités comme ... (un mot que, par respect, je ne citerai pas), travaillant dans des conditions souvent draconniennes, subissant parfois des augmentations de cadences, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige... une majorité d'indispositions physiques, qui finit par agir sur leur mental... A celà s'ajoutent leur hygiène de vie, les consquences dévastatrices du tabac, de l'alcool, "pour chasser le stress", comme ils disent...

Mais les compagnons ne sont pas les seuls : les équipes relevant de "l'encadrement", les conducteurs de travaux, notamment, ne sont pas épargnés non plus, mais c'est plus au niveau mental qu'ils subissent les pressions, sources de... dépressions... Certes, leur espérance de vie est moins touchée...

Un moyen, d'après ce que j'ai pu observer, permettrait de renverser cette tendance :
Changer le regard que l'on porte sur les compagnons, favoriser leur estime d'eux-mêmes, et de leur travail. Tout comme les sportifs de haut niveau, leur permettre de pratiquer les échauffements musculaires avant de passer à l'action, mais également de récupérer, pendant et après le travail. Leur faire comprendre combien chaque "parcelle" de leur être est ce qu'ils ont de plus précieux. Sans eux, le chantier ne pourrait physiquement voir le jour... Ce qui ne dispense pas d'être vigilant, à faire preuve de fermeté, de cadrer, d'imposer des limites voire sanctionner s'il le faut...

Question d'humanité et de respect, et d'être juste...

Il y a certe beaucoup de travail, leur espérence de vie peut s'améliorer. Rien n'est impossible, si on accepte de s'en donner la peine. Et les moyens.

Cordialement

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