La santé au travail - Vision nouvelle et professions d’avenir

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Dans un contexte de crise démographique touchant les services de santé au travail, les Ministres du travail, de la santé et de la recherche ont confié une mission de réflexion sur la formation des professionnels de la santé au travail et l’attractivité de ces métiers à 3 personnalités qualifiées : Paul Frimat Professeur de médecine du travail à l’université de Lille II, Christian Dellacherie membre du CESE et Gilles Leclecq médecin conseil du service de médecine du travail ACMS. (La lettre de la Sécurité)

La médecine du travail est en danger. D’ici 5 ans, si rien n’est fait pour aider les professionnels de la santé au travail à anticiper les départs à la retraite des praticiens et des enseignants hospitalo-universitaires, ce dispositif unique au monde, qui concerne en France près de 16 millions de salariés, pourrait s’éteindre, faute d’expertise et de perspectives. La discipline est en crise. Elle est depuis longtemps jugée peu attractive, et aujourd’hui les étudiants en médecine s’interrogent sur son avenir. Les médecins du travail, qui pâtissent d’une image sociale peu flatteuse, désespèrent d’un métier dont ils connaissent pourtant les atouts et mesurent les potentialités. Déjà confrontés à l’impossibilité de remplir l’ensemble des missions que leur a confié le code du travail, certains ne reconnaissent pas le métier qu’ils ont choisi dans ce qu’ils vivent ou ne se reconnaissent pas dans les évolutions annoncées. Beaucoup enfin se sentent atteints dans leur conscience professionnelle de ne pas pouvoir consacrer le temps qui leur paraît nécessaire aux salariés qui en ont le plus besoin.

La situation n’est pas meilleure dans le domaine de la recherche en santé au travail. Le déficit en la matière est criant depuis plusieurs années, au point que le manque d’experts pourrait mettre en péril les intérêts de la France dans les dossiers stratégiques défendus au niveau international ou européen, comme l’application de la réglementation REACH1.

Pourtant, rarement la question de la santé des travailleurs s’est posée avec autant d’acuité. L’intensification du travail, les risques psycho-sociaux, les troubles musculo-squelettiques, les pathologies à effets différés, les risques nouveaux induits par des technologies en perpétuelle évolution, rendent nécessaire l’intervention coordonnée, au service de la prévention et du maintien dans l’emploi, d’une équipe de professionnels de la santé au travail, qu’ils ou elles soient médecins, infirmières, assistantes médicales, ergonomes, psychologues, toxicologues ou ingénieurs de sécurité. La médecine du travail a tout pour s’imposer comme une médecine moderne, à l’interface entre l’homme et son environnement, associant dans une démarche globale l’approche collective des risques professionnels et le suivi clinique individuel. Des freins et des obstacles subsistent à cet accomplissement, ils ont été dûment analysés par les rapports et avis qui se sont échelonnés entre 2007 et 2008. La profession s’interroge sur le contenu de la réforme annoncée, sur sa capacité à mettre en phase son organisation et ses missions.

C’est dans ce contexte que le Ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, le Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, et le Ministre de la santé et des sports nous ont confié une mission de réflexion portant sur la formation des professionnels de la santé au travail et l’attractivité de ses métiers.

Le rapport comporte une quarantaine de propositions qui sont axées sur huit préoccupations principales des auteurs :

  • une approche intégrée pour un travail d’équipe ;
  • le besoin d’ouvrir la perspective d’une deuxième carrière aux médecins souhaitant se reconvertir et exercer la spécialité de médecine du travail ;
  • un effort en profondeur pour redynamiser la recherche et reconstituer le vivier des enseignants hospitalo-universitaires ;
  • une formation initiale des professionnels de santé adaptée aux nouvelles missions ;
  • la volonté de faire connaître et valoriser la médecine du travail en tant que discipline médicale ;
  • le souci de valoriser l’action des services de santé au travail et d’affirmer les prérogatives du médecin du travail ;
  • la nécessité de faire évoluer les mentalités ;
  • La prise en main du changement par les acteurs locaux.

Ces recommandations reflètent la conviction de la mission de l’urgence qu’il y a à redonner tout son sens à la santé au travail, pour que les chercheurs, les médecins comme l’ensemble des professionnels des services de santé au travail en retirent une légitime fierté et soient reconnus dans l’exercice de leur profession.

Consulter le document "La santé au travail Vision nouvelle et professions d’avenir" - Rapport Dellacherie Frimat Leclercq (PDF)

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