Pourquoi évaluer la qualité de vie au travail ?

Interview d’experts.

Depuis 2004, l’organisme de formations Comundi réunit chaque année plus de 130 acteurs de la santé au travail, de la prévention, de direction et des ressources humaines lors d’un congrès qui fêtera cette année sa 12e édition : la Semaine de la Santé au Travail, du 7 au 11 décembre 2015, à Paris.

Comundi a interviewé deux experts qui interviendront dans le cadre de cet évènement, au sujet de l’évaluation de la qualité de vie au travail (QVT) : Julien SOUTHON, consultant expert des démarches d'évaluation et d'amélioration de la QVT, et Fabien VALET, docteur en biostatistiques et expert des méthodologies d'évaluations de la QVT, Ariane Conseil.

COMUNDI - Quel est l'intérêt et quels sont les enjeux pour les établissements d'évaluer leur qualité de vie au travail ?

Julien SOUTHON - L'intérêt n'est aujourd'hui plus à démontrer : la santé des salariés fait la santé des entreprises ! Ce constat, partagé abondamment par les chercheurs en sciences sociales, établit notamment un lien fort entre les notions de bien-être, de qualité de vie au travail (QVT), d'engagement et de performance. L'enjeu pour un établissement d'évaluer la QVT devient alors un objectif stratégique : évaluer pour comprendre, évaluer pour promouvoir, évaluer pour agir, le tout au sein d'un projet aux intérêts partagés, mêlant prévention, promotion et performance...

COMUNDI - Quelles sont les difficultés les plus fréquemment rencontrées lors d'une démarche d'évaluation de la qualité de vie au travail ?

Fabien VALET - Quand les acteurs de prévention et de promotion de la santé au travail se sont lancés il y a quelques années dans les évaluations de la perception des salariés (stress et risques psychosociaux, QVT, bien-être...), ils ont fait « rentrer » au sein des organisations des outils issus de la science produisant beaucoup de données.

Force est de constater que les acteurs internes ont beaucoup de mal à « consolider » l'ensemble de ces données et à passer à l'action avec des stratégies de prévention efficientes et compatibles avec les enjeux de production. Les principales difficultés rencontrées reposent de facto sur l'exploitation de ces données. Que faire de toute cette matière ? Comment l'interpréter ? Comment l'articuler avec les enjeux « business » et les politiques de santé au travail ?

COMUNDI - Si vous aviez 3 conseils à donner pour réussir un diagnostic QVT, lesquels seraient-ils ?

Julien SOUTHON - Il n'y a pas de recette miracle à mon sens, d'autant que la QVT est une notion spécifique à chaque entreprise. Néanmoins, comme tout « bon » diagnostic au sein d'une entreprise, il doit reposer sur une participation de l'ensemble des acteurs (principe de co-contruction), et sur des outils scientifiques mais opérationnels. Par ailleurs, et c'est à notre sens le fondement même d'un diagnostic, il doit être porté par les acteurs stratégiques de l'entreprise (business line) et conduire à des actions concrètes et visibles. En effet, la seule prise de température n'est pas suffisante pour mener une politique de santé au travail efficiente. Mesurer c'est bien, agir c'est mieux !

COMUNDI - Une fois le diagnostic réalisé, quels sont les facteurs clés de succès pour réussir le passage à l'action ?

Fabien VALET - En théorie, rien de plus simple : extraire les résultats saillants de l'évaluation, les confronter avec le contexte de l'entreprise et des indicateurs « objectifs » comme par exemple le taux de productivité fixé ou le nombre de visites médicales à la demande du salarié par exemple... En effet, la seule perception des salariés ne permet pas un passage à l'action efficace.

En pratique, c'est souvent bien plus complexe. Il convient d'abord de s'assurer que les outils et méthodes proposés dans l'évaluation fassent consensus et qu'ils soient appropriés par les différents acteurs du projet d'évaluation de la QVT. La mise en place des actions repose ensuite sur un juste équilibre entre les constats, l'existant et les marges de manœuvres de l'entreprise. Ainsi, un « bon » plan d'action est celui qui permet de faire converger l'économique (enjeux business) et le social (enjeux de santé, de bien-être et d'engagement des salariés).

Evidemment, tout passage à l'action doit être accompagné par un suivi régulier afin de mettre en évidence les progrès, réajuster le cas échéant, et intégrer l'évaluation de manière longitudinale dans une politique de prévention efficace et durable.

Propos recueillis par Lorraine Schérer, Responsable des formations Santé au travail chez Comundi.

Venez rencontrer Julien Southon, Fabien Vallet, et échanger avec vos pairs en participant à l’une des 30 formations proposées dans le cadre de la Semaine de la Santé au Travail, du 7 au 11 décembre 2015 à Paris !

Consultez le programme de l’évènement et réservez votre place en cliquant ici.

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Convention.fr le :

Évaluer la qualité de vie au travail est essentiel pour un employeur afin de garantir la santé et la sécurité de ses salariés, améliorer leurs conditions de travail et donc leur motivation et leur efficacité
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