Pensez ergonomie pour penser performance

L’ergonomie et le confort des postes font désormais partie intégrante des préoccupations des responsables logistique.

A l’heure où le confort et le bien-être au travail sont le sujet de plus en plus d’études scientifiques et de séminaires d’entreprises, les directions réfléchissent à la manière d’aménager l’espace de travail de leurs collaborateurs pour favoriser leur bien-être et leur productivité, et dans le même temps, limiter les risques d’accident. S’il vient immédiatement à l’esprit les avantages hors du commun dont peuvent bénéficier les employés des géants du net, comme des piscines sur le lieu de travail, des salles de sport ou même des salons de coiffure, on pense moins souvent aux conditions de travail des salariés évoluant dans des conditions contraignantes à l’image des employés de la logistique.

Toute l’année, les préparateurs de commande s’affairent dans les entrepôts au rythme des pics d’activité. L’activité dans le secteur de la logistique a augmenté de plus de 30% depuis 2011, il s’agira bientôt du 2e employeur en France . Cadence de travail élevée imposée par des délais toujours plus court, tâches répétitives, déplacements de charges lourdes, environnements excessivement bruyants, travail en hauteur, températures extrêmes, ont un impact direct sur le confort et les risques encourus par les employés.

Organisation du temps de travail et des espaces

L’organisation du travail est évidemment au cœur de cette problématique. Ainsi il convient de porter une attention particulière aux horaires, aux cadences, à la répartition des tâches, aux espaces d’interactions avec les autres employés, et bien entendu à la valorisation du travail. Ces facteurs participent en effet directement à l’équilibre de l’employé et donc à sa fidélisation et à sa performance.

Les espaces de travail peuvent également nécessiter un réaménagement : les axes de circulation au sein de l’entrepôt permettent-ils une circulation facile ? Les espaces de stockage sont-ils facilement accessibles, en évitant au maximum aux employés de se baisser ou de jouer les équilibristes pour aller chercher leurs commandes ? Certaines zones possèdent-elles un niveau de nuisances sonores élevé ? Ces situations doivent être identifiées et adressées autant que possible pour anticiper les risques.

Un équipement pensé pour l’homme et sa performance

Les managers ont tout intérêt à se soucier bien en amont des situations de risques identifiés plus haut. L’étude des comportements peut aisément permettre d’identifier les cas dans lesquels l’équipement est lui-même facteur de risque.

Les ergonomes ont ainsi largement investi le domaine du développement de produits logistiques ces dernières années : citons par exemple les dérouleurs ergonomiques pour le filmage des produits, ou encore les escabeaux mobiles pour contrecarrer le comportement dangereux d’escalade des racks pour aller chercher les paquets situés les plus en hauteur ou profondeur.

Cette prise de conscience de l’importance de l’ergonomie dans l’entrepôt se concrétise aujourd’hui dans la plupart des conceptions et designs de produits mis sur le marché. Prise en main, poids réduit, possibilités de réglages et d’adaptation aux morphologies de chacun, tout est pensé pour maximiser le confort des utilisateurs et minimiser les risques de TMS (Troubles musculo squelettiques). N’oublions pas que les TMS représentaient déjà la quasi-totalité (85%) des maladies professionnelles en 2010 . Chaque année, plus de 30 000 cas sont ainsi recensés et indemnisés comme maladies professionnelles en France. Absentéisme, maladie professionnelle, performance amoindrie, le coût moyen imputé à une entreprise est de l’ordre de 21 000 euros par salarié.

Prévenir et non Guérir

La prévention et la formation restent à la base de tous les efforts en matière d’optimisation des conditions de travail et de l’ « expérience employé ». En ce sens, une analyse préventive des risques et des comportements peut être réalisée, notamment en partenariat avec des organismes tels que la médecine du travail ou des ergonomes indépendants. Leurs conclusions vont ainsi le plus souvent dans le sens de l’adoption de bonnes pratiques et de matériel adapté permettant de contraindre au minimum l’employé dans l’exécution de sa tâche et dans ses postures. Par exemple il peut s’agir de lui libérer les yeux et les mains par un système vocal lors de la préparation de commande, ou encore de lui proposer un chariot avec différents niveaux de réglage pour s’adapter à sa morphologie. L’employé devrait aussi pouvoir choisir le matériel qui le convient le mieux, comme par exemple en lui laissant le choix entre plusieurs types de casques dans le cas du vocal. L’activité propre à chaque entreprise nécessite également l’intégration de niveaux de sécurité complémentaires pour lesquels il est nécessaire d’implémenter une solution adaptée : à titre d’exemple, si l’on manipule les produits avec des gants, (grand froid, risque d’écharde, produits coupants) il est difficile de taper sur un clavier d’ordinateur embarqué ou de scanner les codes-barres ; l’expérience quotidienne de travail de l’employé s’en retrouve donc dégradée.

La politique HSE est souvent considérée par les entreprises comme une charge au travers de la cotisation CARSAT (Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail, entre 1 à 10% de la masse salariale), cependant nous avons pu évoquer ci-dessus, quelques points de réflexion pour l’envisager davantage d’un point de vue gagnant/gagnant. Si le point crucial reste l’adhésion des équipes au projet, et donc leur implication dans la démarche dès les débuts du projet, force est de constater que les démarches d’amélioration qualitative sont généralement reçues avec le meilleur accueil, pour un bénéfice mutuel.

  1. http://www.inrs.fr/accueil/secteurs/transport-logistique.html
  2. http://troublesmusculosquelettiques.fr/les-tms-en-quelques-chiffres/
  3. http://www.inrs.fr/accueil/header/actualites/tms-questions.html

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