Lombalgies : la prévention en marche

Mal de dos, tour de rein, lumbago, sciatique... Les douleurs lombaires constituent l'une des affections liées au travail les plus courantes.

Elles ont parfois des conséquences lourdes pour les personnes atteintes, pouvant aller jusqu'à des invalidités professionnelles. Il est cependant possible de réduire les risques. Mais pour être réellement efficace et durable, la prévention des lombalgies doit s'envisager dans le cadre d'une démarche globale prenant en compte les dimensions techniques, organisationnelles et individuelles du travail.

Les lombalgies sont des affections très courantes caractérisées par des douleurs localisées en bas du dos. Elles peuvent se manifester par une raideur, une sensation de lourdeur, des douleurs diffuses ou franches et précises, un lumbago (douleur vive et aiguë), une impression d'instabilité à la marche... Les symptômes douloureux sont de mauvais indicateurs de la gravité des lombalgies. Bien qu'elles puissent être très handicapantes, les douleurs résultent le plus souvent de lésions musculaires bénignes liées à un traumatisme mécanique (effort excessif, mouvement brutal ou extrême, chute...). Dans le cas particulier des sciatiques, ce sont les racines nerveuses qui sont atteintes. L'activité professionnelle peut jouer un rôle déterminant dans la survenue des épisodes lombalgiques. Les manutentions manuelles, les vibrations, le travail physique lourd, les efforts violents et les postures contraignantes constituent des facteurs de risque importants. Les chutes sur le lieu de travail sont à elles seules responsables d'un quart des lumbagos reconnus comme accident du travail (AT). Les affections lombaires seraient chaque année à l'origine de 80 000 à 100 000 AT avec arrêt. En 2012, près de 3 700 pathologies lombaires ont été reconnues comme maladies professionnelles (tableau 97 et tableau 98).

Une cause importante d'invalidité

La plupart des lombalgies guérissent spontanément en quelques jours. Mais si la douleur s'installe, tout mouvement peut devenir pénible. Pour les personnes atteintes, les répercussions professionnelles et personnelles peuvent se révéler catastrophiques. C'est particulièrement vrai pour les travailleurs affectés à des postes exigeant des efforts physiques importants. Le reclassement professionnel est difficile pour ces salariés, souvent peu qualifiés. Sans une prise en charge appropriée, ils risquent d'être durablement exclus du monde du travail. Les lombalgies représentent la première cause d'invalidité professionnelle chez les salariés de moins de 45 ans. Le personnel soignant, les salariés du BTP, les travailleurs chargés de la manutention et ceux du secteur des transports sont les principaux concernés. Contrairement à certaines idées reçues tenaces, en cas de lombalgie, le repos prolongé est déconseillé car il ne permet pas la bonne cicatrisation des tissus mous (muscles, tendons, ligaments) et peut renforcer la peur de bouger, augmentant ainsi les risques de récidive. Il faut au contraire reprendre une activité physique même minime le plus tôt possible.

Diminuer les contraintes au poste de travail

La prévention doit être envisagée dans un cadre global intégrant des composantes techniques, organisationnelles et individuelles. Pour l'entreprise, le premier objectif est d'identifier les principales causes de lombalgie. Dans cette tâche, il est fortement recommandé de s'appuyer sur l'expertise des services de santé au travail. Il s'agit notamment de relever les cas de lombalgies (nombre, conséquences, recueil d'accidents et d'incidents...), d'analyser leur contexte de survenue et d'identifier les facteurs de risques. Cette première analyse permet ensuite d'élaborer un plan d'actions de prévention visant à réduire les contraintes aux postes de travail concernés. De nombreuses solutions techniques sont aujourd'hui disponibles pour diminuer les sollicitations physiques excessives (aides mécaniques à la manutention, dispositifs de levage des malades dans le secteur des soins...) ou les nuisances liées aux vibrations pour les conducteurs d'engins (système de suspension...) Cependant ces mesures techniques ne suffisent pas, même lorsqu'elles sont appliquées. La prévention durable impose d'agir également sur la conception et l'aménagement des lieux et postes de travail ainsi que l'organisation du travail. Il est par exemple possible de diminuer le poids unitaire ou les distances de transport des charges manutentionnées. On peut aussi fractionner les temps d'exposition en favorisant l'alternance des tâches, proscrire les postures contraignantes prolongées, réduire l'encombrement des zones de passage pour prévenir les chutes, ou encore maîtriser le rythme de travail pour éviter la sur-sollicitation et les risques d'accidents.

Le cadre vert : favoriser le maintien dans l'emploi des salariés lombalgiques

La prévention des lombalgies doit aussi viser à faciliter la réintégration et le maintien dans l'emploi des salariés lombalgiques. L'accueil réservé à ces travailleurs conditionne fortement le succès de la démarche. Pour que celui-ci se passe dans les meilleures conditions, des situations de travail temporairement allégées doivent être proposées : limitation des charges portées, augmentation du nombre des pauses en cas de postures contraignantes prolongées, réduction du rythme de travail. Ces dispositions sont rassemblées dans le « cadre vert » décrit dans la brochure Travail et lombalgie (ED 6087). Elles faciliteront le retour des salariés après leur arrêt de travail. Tous les acteurs de l'entreprise doivent être partie prenante de la démarche : le salarié lui-même mais aussi le médecin du travail, les collègues, l'encadrement et la direction. Avec l'expérience, l'extension de ces situations de travail "allégées" pourra même être un objectif majeur de prévention pour une entreprise afin d'améliorer durablement les conditions et limiter ainsi les risques de lombalgie pour l'ensemble des salariés.

La brochure ED 6087

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Auteur : INRS.

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