Maintenance : des outils pour prendre le temps d'identifier les risques

Classé dans la catégorie : Risques machines

Les opérations de maintenance sont aujourd'hui un des points noirs en matière d'accidentologie dans l'industrie. Cependant, les industriels développent des outils pour améliorer la sécurité que ce soit pour identifier et signaler les consignations (Securafim®) ou pour repérer et cadrer les différents risques d'une intervention (exemple chez Caterpillar).

"Une précision avant toute chose, il ne faut pas parler de la maintenance mais DES activités de maintenance. Car elles sont nombreuses, variées, diverses", énonce Jean-Christophe Blaise, responsable d'étude à l'INRS. "Ainsi, poursuit-il, on peut les classer de différentes manières, elles peuvent être correctives, préventives, à échelle majeure etc. Mais pour en savoir plus sur ces aspect généraux, je vous renvoie à la brochure de l'INRS - ED6129".

Maintenance et document unique : un problème de formalisme

Par leur nature souvent unique, rare et très variée, faire entrer les situations de travail des opérations de maintenance dans le document unique tient souvent du casse-tête. "Dans notre document unique, nous restons assez général sur les opérations de maintenance et nous renvoyons à des documents plus précis et à des évaluations au cas par cas", explique Bruno Plain, responsable division HSE et sûreté chez Caterpillar. "Il est évident qu'on ne peut pas traiter toutes les opérations dans le document unique - nous les avons intégrer par grande famille d'intervention, mais pour l'analyse des risques précise, nous devons nous appuyer sur les compétences des opérateurs. Nous n'envoyons pas de débutant et nous les formons à l'analyse des risques et nous insistons pour qu'ils gardent à l'esprit qu'il travaille dans une procédure exceptionnelle", témoigne Eric Raynal, ingénieur sécurité aux papeteries Condat.

L'accidentologie en chiffres

C'est sans surprise que plusieurs études révèlent que les opérations de maintenance sont plus accidentogènes que les opérations courantes. L'analyse de l'INRS d'un certain nombre d'accidents met aussi en évidence les caractéristiques de ces accidents : 30% surviennent dans des phases de réparation, 22% pendant le nettoyage et 14% au cours des diagnostics. Hors production, les facteurs de risques les plus courants restent l'absence de consignation (31%), la maintenabilité (21%), des connaissances inadaptées (14%) et un manque d'accessibilité (14%).

Un support pour une analyse des risques en 5 minutes !

Depuis mi-2011, Caterpillar a développé une action de prévention des risques auprès des opérateurs de maintenance : le carnet "5 minutes avant d'intervenir". Finaliste lors des premiers Mase Awards, le principe en est simple : avant chacune de ses interventions, le technicien remplit un feuillet détachable du carnet sur lequel figure tous les facteurs de risques possibles liés à son activité. Il repère les risques qui existent et vérifient qu'ils sont maîtrisés. "Si c'est OK, il travaille, sinon il fait appel à sa hiérarchie", précise Bruno Plain, responsable HSE de l'entreprise. "Le carnet présente aussi un espace sur lequel le travailleur peut noter des points d'amélioration ou d'autres remarques, explique Bruno Plain, et c'est un espace très largement utilisé : 250 suggestions ont été analysées et ont donné lieu à de nombreuses améliorations. Il aura fallu à peu près 6 mois pour que les techniciens s'approprient complètement l'outil mais les résultats sont aujourd'hui mesurables puisque nous n'avons enregistré aucun accident depuis la mise en place et surtout le nombre de premiers soins a fortement chuté".

Consignation / déconsignation : des opérations toujours critiques

Le principe de base des opérations de maintenance c'est qu'elles ont lieu en dehors du fonctionnement normal et que les opérateurs sont proches des énergies. Les opérations de consignation-déconsignation ne sont jamais simples à mettre en oeuvre et ce n'est pas pour rien que l'absence de consignation ou une mauvaise consignation sont à l'origine de la moitié des accidents. "Il y a un point majeur que l'on a tendance à oublier la consignation ne concerne pas seulement l'électricité mais aussi les fluides (sous pression, produits chimiques) et les pièces mécaniques. Et il faut toujours garder à l'esprit l'existence d'énergie résiduelle", commente Jean-Christophe Blaise de l'INRS. "Il est vrai, ajoute Nello Comelli, président de la délégation Bourgogne de l'AFIM, qu'autant pour l'électricité, il existe une véritable culture de la consignation et qu'avec le système d'habilitation, les formations sont répandues, autant pour les autres cas, on constate à la fois un vide normatif et un vide en matière de formation".

Securafim® : un outil pour baliser la consignation

L'AFIM (association française des ingénieurs de maintenance) et l'INRS ont réalisé conjointement Sécurafim®, une démarche et un outil de sécurisation des opérations de consignation; Nicolas Tétu, responsable maintenance chez Essilor a présenté cet outil lors de la journée Innova-Maintenance® à l'IUT de Châlon-sur-Saône, en octobre 2012. "Nous avions déjà constaté que l'intervenant ne perçoit pas toujours clairement les points de consignation. Soit parce qu'il connaît mal l'installation, soit parce que les équipements sont complexes, soit que l'accessibilité est mauvaise ou encore parce qu'il intervient à 2h du matin le samedi avec une forte pression de la part de la production...", témoigne Nicolas Tétu, et de montrer une photo d'une armoire électrique sur laquelle deux boutons d'arrêt sont placés sans aucune indication qui va forcément poser question à l'opérateur. Sécurafim® est l'outil idéal pour ce genre de situations.

Il se présente comme un disque bleu adhésif ou fixable par un collier que l'on place sur tous les points de consignation d'une machine. Ainsi, l'opérateur identifie tout de suite les points de consignation. "Par ailleurs, il est accompagné par une fiche type qui reprend la photo de l'appareil, le nombre de points de consignation, les énergies résiduelles, les causes d'intervention possibles etc." Les disques sont distribués en pack et accompagné d'un guide d'utilisation et d'un CD-Rom Pari maintenance, ce logiciel d'aide à l'évaluation des risques (voir cet article).

"Nous avons décidé de mettre en place Sécurafim® pour uniformiser nos méthodes de consignation et parce que nous avons des intervenants divers qui ne sont pas tous des spécialistes de la maintenance (opérateurs de production ou de support). Nous l'avons d'abord déployé sur les machines où les interventions sont les plus fréquentes et où justement des personnes moins formées interviennent. Cela a représenté un travail de 300 fiches et 900 disques pour un déploiement en 4 mois. Quinze personnes ont été formées spécifiquement. Le système a fait ses preuves et nous allons maintenant le déployer sur nos autres sites. Nous envisageons aussi d'ailleurs de le faire rentrer dans nos standard d'équipement", conclut Nicolas Tétu.

Documents joints : Guide de la consignation de l'INRS (ED 6109)

 

Auteur : Par Sophie Hoguin, actuEL-HSE.

 
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