Avez-vous pensé qu'il faut sauver le travailleur suspendu ?

C'est la pertinente question que pose le dernier numéro de la revue "Prévenir aussi" de l'association ASP Construction (sorte d'équivalent québécois de l'OPPBTP). Effectivement, lorsqu'un travailleur tombe et qu'il est retenu par son harnais de sécurité, l'attente peut entraîner des conséquences fatales. Il faut donc absolument prévoir un plan de sauvetage.

"L'attente d'un travailleur suspendu dans un harnais de sécurité peut sembler interminable", débute l'article du magazine "Prévenir Aussi", mais elle peut surtout entraîner la mort ou des séquelles graves. Pour éviter cela, il faut prévoir un plan de sauvetage. Et, rappelle l'article, cela ne s'improvise pas.

Quels sont les risques pour le travailleur qui a chuté ?

Ainsi, et c'est souvent peu connu lorsque un travailleur est suspendu à un harnais, s'il est inconscient, le sang va s'accumuler dans les jambes et le coeur va devoir fournir un effort important pour continuer d'irriguer le cerveau et les organes vitaux. Il y a donc un risque cardiaque avéré. En outre, précise l'article il existe aussi un risque important d'hypothermie. On considère ainsi qu'il faut sauver le chuteur dans les 15-20 minutes qui suivent la chute sinon il y a un risque majeur pour sa santé.

Sauver ne s'improvise pas

ASP Construction le souligne : "On croit à tort que les travailleurs devraient être capables eux-mêmes de venir en aide à leur confrère en difficulté" et les fabricants de système antichute le rappellent aussi : sans plan d'urgence bien défini, toute opération de sauvetage improvisée risque de tourner à la catastrophe." Et ce plan de sauvetage doit pouvoir être exécuté par d'autres travailleurs car les secours extérieurs ont toutes les chances d'arriver trop tard. Mais, comme l'explique Isabelle Dugré, conseillère prévention à ASP Construction, "il n'existe pas de recette applicable à toute situation", aussi c'est à l'entreprise de prévoir les bonnes mesures.

S'inspirer d'une norme pour former et s'organiser ?

Même si la règlementation québécoise n'est pas la même, ASP Construction propose de s'inspirer d'une norme américaine ANSI Z359.2 "Minimum requirements for a comprehensive managed fall protection program" pour former les sauveteurs et organiser les procédures de sauvetage. Pour la France, on peut bien sûr aussi se référer aux documents de l'INRS sur le sujet ou encore prendre conseil auprès des spécialistes du travail en hauteur (voir cet article et cette vidéo). En France, ce sujet ne fait pas forcément l'objet d'un document particulier, il doit être prévu dans la préparation du chantier comme l'indique par exemple la recommandation R431 "utilisation des systèmes d'arrêt de chutes".

Des équipements spécifiques pour les opérations de sauvetage

Les québécois indiquent que même s'il existe des équipements destinés aux opérations de sauvetage, ils peuvent s'avérer inutilisables dans certaines situations, tout comme "il ne faut surtout pas prendre pour acquis qu'il y aura toujours une plate-forme de travail élévatrice ou un chariot élévateur à proximité que l'on pourra emprunter en cas de besoin", mentionne ainsi l'article.

La règlementation québécoise impose un plan de sauvetage écrit, ASP Construction propose que ce plan prenne la forme d'une liste de contrôle (matériel inspecté ou non, secouristes formés ou non etc.) complété de la procédure de sauvetage envisagée (qui fait quoi ? emplacement des ancrages, périmètre de sécurité, obstacles pouvant nuire etc.). Le magazine propose des modèles de plans.

Améliorer l'auto-sauvetage

Quand le travailleur est encore conscient, il est parfois possible d'envisager l'auto-sauvetage grâce à quelques équipements spécifiques. Il existe par exemple des échelle d'autosauvetage flexibles, des enrouleurs-dérouleurs etc.

Des tests et des entraînements grandeur nature

Une fois le plan de sauvetage élaboré, il faut comme pour tout plan de secours le tester en conditions réelles, mais dans un environnement contrôlé et sécurisé. C'est là qu'on identifie les failles et les améliorations possibles et c'est un bon entraînement pour les secouristes. D'ailleurs, nos cousins d'Outre-Atlantique ont même l'obligation de réaliser un exercice de sauvetage tous les 6 mois pour certains secteurs à risque.

En attendant, cela ne doit pas occulter le premier principe de prévention : éviter autant que possible le travail en hauteur pour éviter le risque !

Documents joints : Le magazine "Prévenir aussi", Vol 27, n3, automne 2012 (pdf)

 

Auteur : Par Sophie Hoguin, actuEL-HSE.

 
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