Quels risques liés au talc en milieu professionnel ?

C'est en 2009, suite à des signalements sur l'utilisation en milieu professionnel d'un enduit fabriqué à partir de talc suspecté de contenir des fibres d'amiante que l'Anses a été saisie. Le but : faire le point sur la composition en fibres minérales, et en fragments de clivage, des talcs, et sur les risques sanitaires. L'agence publie son étude et formule des recommandations.

Le talc peut contenir des fibres d'amiante

Les particules de talc se présentent généralement sous forme de plaques mais peuvent, plus rarement, prendre la forme de fibres longues et fines, formant ainsi du talc fibreux.

Les travaux menés par l'Anses montrent que le talc peut contenir, selon les différents gisements de production dont il est issu, d'autres minéraux fibreux ou non fibreux. Comme l'explique l'Agence sanitaire, le talc peut contenir des fibres minérales ayant des structures chimiques analogues à celles des six fibres minérales classées comme des fibres d'amiante au sens réglementaire.

Le problème est que le niveau de connaissance de la nature minérale et de la composition des différents gisements de talc dans le monde est assez limité. Seuls certains talcs européens et nord américains ont été bien étudiés. "On ne peut donc exclure la présence de fibres d'amiante dans les talcs qu'elles soient asbestiformes ou non asbestiformes", conclut l'Anses. Aussi, les fragments de clivage, qui proviennent de la coupure des blocs de minerais, et qui sont retrouvés dans le talc broyé et moulu, peuvent ainsi aussi bien provenir de fibres de talc, de fibres minérales asbestiformes, ou de fibres non asbestiformes.

De plus, les méthodes analytiques, préconisées par la réglementation pour la détermination des fibres d'amiante, ne permettent pas toujours de différencier une fibre minérale asbestiforme de son homologue non asbestiforme.

Une caractérisation des expositions "sommaire et imprécise"

Le talc est utilisé dans un grand nombre de domaines d'activités industrielles. Les expositions professionnelles à la poussière de talc se produisent lors de l'exploitation minière, du broyage, de l'ensachage, et du chargement de talc, mais aussi lors des opérations d'utilisation et de traitement du talc. C'est le cas en particulier dans l'industrie du caoutchouc, et de fabrication de céramiques, de peintures, d'émaux, et de divers produits. Ces expositions correspondent le plus souvent à un mélange de talc et de poussières minérales de compositions variables. En particulier, le quartz et les fibres minérales (asbestiformes ou non asbestiformes) sont des contaminants fréquents précise l'Anses.

Si les niveaux d'exposition professionnelle brute dans les mines et les moulins sont relativement bien connus, dans la grande majorité des cas, la caractérisation des expositions reste le plus souvent sommaire et imprécise, et il n'y a pas, le plus souvent, de mention de la nature minéralogique des talcs étudiés. En particulier, l'information sur la présence potentielle de trémolite, asbestiforme ou non asbestiforme, dans les gisements de talcs, n'est pas disponible. En outre, les valeurs d'exposition dans les autres secteurs d'activité (hors mines et stations de broyage) sont très limitées, et ne sont pas exploitables pour une évaluation des expositions, ou pour une estimation des risques sanitaires.

Quels effets sur la santé ?

L'expertise de l'Agence confirme les données sanitaires relatives aux effets de l'exposition au talc sur la santé, et notamment les effets non cancérogènes (talcoses), qui se produisent, en particulier, à la suite d'une exposition à long terme.

L'agence indique, concernant les effets cancérogènes potentiels du talc, contenant des fibres minérales non asbestiformes ou des fragments de clivage, que "les données épidémiologiques et toxicologiques ne permettent pas à l'heure actuelle, de se prononcer sur ce risque".

C'est pourquoi l'Agence formule plusieurs recommandations dont l'établissement d'une cartographie précise des différents gisements de talc dans le monde avec une identification des autres fibres minérales qu'ils sont susceptibles de contenir, et la traçabilité des talcs, depuis leur extraction jusqu'à leur commercialisation en France.

L'agence préconise de rechercher, en l'absence de toute information fiable et validée sur l'origine des talcs, qui permette d'affirmer l'absence de contamination par des fibres asbestiformes, les fibres d'actinolite, de trémolite et d'anthophyllite (ATA) dans les talcs, ou dans les produits contenant du talc, commercialisés en France.

L'Anses recommande d'autre part d'appliquer la réglementation sur l'amiante, en cas de mise en évidence de fibres ATA dans des produits contenant du talc, commercialisés ou déjà en place et en cas de présence de fibres d'amphiboles ATA dans l'air inhalé par les travailleurs exposés au talc, ou aux produits en contenant.

Elle suggère enfin, de développer des méthodes analytiques et des études sur les effets sanitaires pour permettre à la fois de différencier les fibres asbestiformes des fibres non asbestiformes, et d'améliorer les connaissances sur les effets sanitaires des différentes fibres non asbestiformes.

Documents joints : Etude de l'ANSES

Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE.

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