AZF, dix ans déjà

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Le 21 septembre 2001, l'explosion d'un stock de nitrates d'ammonium, dans l'usine AZF a cruellement révélé les insuffisances françaises en matière de prévention des risques technologiques. Depuis dix ans, France Nature Environnement se mobilise pour que les milliers de Français concernés par les risques industriels soient protégés.

Le 21 septembre 2001, Toulouse se réveille sous le choc après l'explosion de l'usine AZF dans la proche banlieue de la ville. Le bilan humain, matériel et économique est lourd : 30 morts, 2500 blessés, 27 000 logements endommagés, 3700 entreprises sinistrées et des centaines de millions d'euros de dégâts. La ville entière porte les stigmates du plus grave accident technologique majeur qu'ait connu la France depuis la seconde guerre mondiale.

Le drame toulousain met en lumière les insuffisances en matière de prévention des risques technologiques sur les 686 sites français classés SEVESO seuil haut, (sites les plus dangereux et notamment la question de la trop grande proximité entre populations et sites SEVESO. Des mesures doivent être prises. En réaction, le 31 juillet 2003, une loi est votée afin de mettre en place une politique qui, selon les décideurs de l'époque, devra définitivement et efficacement régler cette question de cohabitation entre usines à risques et populations riveraines. Elle prévoit notamment la mise en place de plans de prévention des risques technologiques (PPRT) [lien page suivante], qui mettent en place, sur le modèle des plans de prévention des risques naturels, des plans d'expropriation ou des obligations de travaux.

Mais 10 ans après, le bilan en matière de prévention des risques est loin d'être satisfaisant. Si les leçons d’AZF ont été tirées, leur traduction dans les faits se fait attendre et la situation est loin d’être réglée. L’action des pouvoirs publics et les efforts menés par les industriels pour prévenir un nouvel accident majeur ne sont pas à la hauteur.

Le retard des plans de prévention des risques

Sur les 420 plans de prévention des risques technologiques prévus par la loi de 2003, moins d’1 sur 4 est aujourd’hui approuvé. La protection absolue souhaitée en 2001 est aujourd’hui toute relative puisque le monde industriel rechigne à investir dans la sécurité et négocie une sécurité au rabais. Pire encore, selon la loi de finances 2011, les riverains de sites dangereux doivent financer 70 % des travaux pour protéger leur habitation des risques d’incendie, d’explosion, de nuage toxique, ce qui représente en moyenne plus de 10 000 € par foyer.

Dix ans après AZF, la prévention des risques industriels en France est quasiment dans l'impasse. Des incidents se produisent chaque jour dans des installations à proximité des riverains. Des millions d'euros sont à trouver pour financer les travaux de protection. Les solutions trouvées aujourd'hui sont créatrices d'injustice sociale. Des milliers de riverains de sites vont devoir payer pour renforcer leurs habitations afin de faire face à un accident majeur. Tel est le bilan de 10 ans de réduction du risque technologique en France.

Les actions de France Nature Environnement

Un travail de fond au niveau national et local de suivi de la mise en œuvre de cette politique post-AZF, qui nous a permis de développer une expertise importante sur la question de la prévention des risques industriels.

214 correspondants locaux concernés par cette question du risque technologique, qu'ils soient riverains de sites ou militants. Tous réclament davantage de sécurité à proximité des sites industriels.

Une forte mobilisation des associations sur le terrain

Une présence aux instances nationales de négociation et de suivi sur cette politique post-AZF ;

Des actions de communication et de plaidoyer à chaque rendez-vous important ayant marqué la mise en œuvre de cette politique de maîtrise du risque.

Les points clés

  • 1210 sites SEVESO en France, dont 686 " seuil Haut ", les plus dangereux.
  • 1 contrôle par an en moyenne pour les SEVESO
  • 420 plans de prévention des risques technologiques devraient avoir déjà été mis en œuvre. Aujourd'hui 101 seulement sont approuvés, soit moins de 1 sur 4.
  • 900 communes sont concernées
  • Il n'y a pas eu plus de visites d'inspection sur l'ensemble des sites industriels en 2010 qu'en 2001

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Auteur : France Nature Environnement

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