Préventeurs dans les SDIS : des réseaux pour ne pas réinventer l'eau chaude

Classé dans la catégorie : Général

Le poste de préventeur au sein d'un service départemental d'incendie et de secours (SDIS) recouvre aujourd'hui des situations bien différentes selon les départements. S'organiser en réseau permet alors de mutualiser les actions et les connaissances. Exemple avec le réseau Bretagne – Pays de la Loire.

Aujourd'hui 8 juin, se tiennent à l'Ecole nationale supérieure des officiers des sapeurs-pompiers (ENSOSP) les journées santé-sécurité de la profession. Une thématique montante aussi chez ces professionnels du secours où la mise en place d'un management raisonné de la prévention des risques professionnels est très récent. Ainsi, en Bretagne Pays de la Loire, la création de services dédiés "Hygiène et sécurité" s'est faite entre 2002 et 2009. Mais, à l'image du fonctionnement et des moyens très disparates des SDIS selon les départements, l'activité et la structure des services H&S est elle aussi hétérogène.

Des points communs

Deux points communs cependant sont à souligner : le préventeur en SDIS est souvent seul pour organiser la prévention des risques professionnels de plusieurs centaines à plusieurs milliers de personnes et les niveaux de compétences, connaissances et d'attention sont hétéroclites : "on ne peut pas demander les mêmes exigences à un pompier professionnel et à un volontaire. Et parmi les volontaires, certains peuvent être comptables quand d'autres sont eux-mêmes responsables H&S de leur entreprise. Aussi, il est parfois très difficile de savoir où placer le curseur d'information et de sensibilisation", explique le Colonel Thomas, préventeur au SDIS du Morbihan.

Naissance d'un réseau

Le réseau des préventeurs SDIS de Bretagne a démarré en 2004, il regroupait alors 5 SDIS (Finistère, Morbihan, Côtes d'Armor, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique). Depuis, il s'est agrandit pour devenir le réseau Bretagne-Pays de la Loire en accueillant aussi la Vendée et le Maine-et-Loire. Les premiers échanges portaient sur les modalités d'organisation des services et la comparaison de statistiques et la première action commune a abouti à une formation mutualisée pour les membres des CHS.

Un véritable groupe de travail

Le réseau fonctionne aujourd'hui comme un groupe de travail en se fixant des objectifs et en assignant des tâches à chacun. Il invite des experts et se fait soutenir par Dexia, un assureur très impliqué chez les pompiers. "Dexia nous fournit par exemple des moyens pour assurer le secrétariat des réunions et pour animer ou coordonner les activités du réseau" explique un des participants.

Le risque routier : cible numéro 1

En 2006-2008, le premier projet commun a porté sur le risque routier, il a aboutit notamment à une série d'affiches chocs qui sont maintenant disponibles dans tous les SDIS de France. Il faut rappeler que, comme pour le reste des travailleurs, le risque routier est la première cause de décès au travail chez les pompiers (38% des circonstances de décès). Le réseau, a d'ailleurs voulu être exemplaire à ce niveau aussi : "Alors que nous faisions tourner les lieux de réunion, nous nous sommes finalement fixés dans le Morbihan, qui est central par rapport à la géographie du réseau et nous organisons du covoiturage pour éviter que le temps de conduite ne dépasse 2h", précise ainsi Philippe Blin, chargé de mission Hygiène et sécurité du SDIS 44.

Ne pas repenser des outils déjà disponibles

L'une des facettes les plus importantes du réseau, c'est de mutualiser le travail de chacun. "C'est ce que nous avons concrétisé en 2010 par une synthèse des travaux communs qui a aboutit à une mallette SST. Elle comporte cinq contenus : risque routier, addiction, risques liés aux activités physiques, santé sécurité et EPI", ajoute encore Philippe Blin. Le travail en réseau est essentiel pour comparer nos méthodes de travail, pouvoir s'appuyer sur les outils des autres. En outre, ajoute le préventeur, notre réseau s'inscrit dans bien d'autres existants : d'autres réseaux de SDIS, fédération, club Sdis IDEAL, réseaux de la sécurité civile...".

Préventeur chez les pompiers : un empêcheur de tourner en rond ?

"Notre fonction amène souvent à repenser certains réflexes ou certains modes de fonctionnement habituels chez les pompiers comme la prise de risque, la volonté de toujours se donner à fond ou la mise en valeur de qualités "viriles". Si bien que nous sommes souvent perçu comme des empêcheurs de tourner en rond. Parfois, il est plus facile d'avoir ce discours en étant pompier professionnel soi-même et parfois il vaut mieux être extérieur et avoir une fonction administrative pour être écouté. C'est très variable. Dans tous les cas, cela passe par des actions plutôt éducatives que réglementaires. Et surtout il est nécessaire que les démarches de prévention soient appuyées par les autorités territoriales et la hiérarchie comme dans n'importe qu'elle autre organisation. Par exemple, pour la mise en place des Acmo, si le département et le service ne leur fournit ni le temps ni le matériel pour effectuer leur travail de relais sur le terrain, même les meilleures volontés finiront par s'éteindre." précise le colonel Thomas, préventeur au SDIS du Morbihan.

 

Auteur : Par Sophie Hoguin, actuEL-HSE

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