Nuisances sonores : 37 % des actifs se disent gênés par le bruit au travail

À l'occasion de la 14e Journée Nationale de l'Audition qui s’est tenue le 10 mars dernier, un sondage réalisé par Ipsos a été consacré aux nuisances sonores et à la gêne auditive.

Elle démontre qu'un grand nombre de salariés français est importuné par le bruit dans le cadre de leurs activités professionnelles. C'est l'occasion de rappeler que l'exposition au bruit constitue un risque professionnel dont l'évaluation et la prévention sont obligatoires en raison de ses conséquences importantes sur la santé et la sécurité des travailleurs.

Le bruit gêne les Français au travail. Quelque 37 % des travailleurs français s'estiment gênés par le bruit sur leur lieu de travail. 23 % évoquent une gêne “assez importante” et 14 % une gêne “très importante”.

De fortes disparités selon les métiers et les catégories socio-professionnelles

Bien entendu, les salariés ne sont pas tous égaux face au bruit. Comme le relève le Journal de l'Environnement (08/03/2011), on observe de fortes disparités selon les catégories professionnelles : “57% des ouvriers se disent incommodés par le bruit alors que seuls 36% des employés et 28% des cadres supérieurs subissent cette gêne. […] 71% des personnes travaillant sur un chantier de construction se disent affectées par le bruit alors que le pourcentage est ramené à 51% pour les personnes travaillant dans un open space de bureaux ou une plate-forme téléphonique, 47% dans un atelier de production, et même 18% dans un restaurant d'entreprise.”

Une évaluation et une prévention trop souvent défaillantes

Or, il semble que l'évaluation et la prévention de ce risque professionnel soient souvent défaillantes. Selon l'enquête d'Ipsos, seuls “60% des personnes travaillant en milieu bruyant sont informées au moins occasionnellement des dangers du bruit.” Or, l'exposition à de forts niveaux sonores n'est pas sans conséquence sur la santé. “Les troubles ressentis à cause du bruit vont de la fatigue (58%) à l'irritabilité (51%), voire aux acouphènes (39%) ou aux migraines (37%)”, rapporte le Journal de l'Environnement. Quelque 26 % des salariés concernés se plaignent même de ressentir “des réactions de douleur à certains sons”. Enfin, les salariés affirment avoir constaté que le bruit a des conséquences sur leur humeur (60 %), leur audition (47 %) et leur santé (39 %).

Des effets très néfastes sur la sécurité au travail

Ces résultats sont d'autant plus inquiétants que des études ont démontré que l'exposition au bruit a aussi de graves conséquences en termes de sécurité. L'Organisation internationale du travail (OIT) souligne ainsi que “l'exposition aux bruits professionnels peut réduire la coordination et la concentration et donc causer des accidents”.

De même, dans une publication de 2007, la Direction de l'animation, de la recherche des études et des statistiques (Dares) du Ministère du travail relevait : “Des conditions de travail difficiles s’accompagnent souvent d’un risque accru d’accident. C’est principalement le cas du bruit : 9 % des salariés soumis à un bruit nocif pour l’audition ont connu un accident avec arrêt. Un bruit intense et permanent peut contribuer à relâcher la vigilance ou à empêcher la perception d’un danger.” Si bien que, “toutes choses égales par ailleurs, le bruit accroît de 24 % le risque d’accident avec arrêt”. Un motif supplémentaire pour prendre très au sérieux la nécessaire protection des salariés contre le risque trop souvent sous-estimé qu'est l'exposition au bruit.

L’évaluation des risques sonores

Dans un dossier consacré au bruit, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) précise : “L’évaluation des risques constitue le point de départ de la démarche de prévention qui incombe à tout employeur dans le cadre de son obligation générale de sécurité à l’égard de son personnel. […] Dans le domaine acoustique, l'évaluation des risques peut commencer par une estimation du niveau sonore. S'il faut élever la voix pour communiquer c'est qu'il est élevé : à 2 mètres de distance, s'il faut crier, c'est qu'il est d'au moins 85 dB(A). On peut aussi se pencher sur des éléments de référence, comme les notices des machines et des outils bruyants. Ensuite, il faut passer au mesurage. […]

Transcription des risques dans le document unique et actions de prévention

Bien entendu, les experts n'omettent pas de souligner que, selon le Code du Travail, “les résultats de l’évaluation des risques doivent être transcrits dans le document unique”. Une tâche d'autant plus indispensable “qu'au-delà du strict respect de l’obligation réglementaire, ce document doit permettre à l’employeur d’élaborer un plan d’action définissant les mesures de prévention appropriées aux risques identifiés.” Or, heureusement, celles-ci ne manquent pas : “Le problème du bruit peut être pris en compte très en amont : un changement de procédé ou dans l'organisation du travail peut être une solution très efficace. On peut ensuite agir sur la source du bruit, sur sa propagation, ou sur le travailleur exposé. Les solutions collectives sont les plus efficaces, elles doivent donc être mises en place en priorité.”

Pour aller plus loin :

  • Dossier sur le bruit librement consultable sur www.inrs.fr
  • “Nuisances sonores et gêne auditive”, enquête JNA-IPSOS-REUNICA, réalisée dans le cadre de la 14e édition de la Journée Nationale de l’Audition, Mars 2011 consultable librement sur www.audition-infos.org
  • “Accidents et conditions de travail” in Premières informations et premières synthèses (Dares), N° 31.2, Août 2007
  • On peut également consulter avec profit la base de données du Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB) : www.bruit.fr.

Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité

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