Comment est née l'idée de cette consultation de prévention ?
Bruno Gaudeau : A l'occasion du premier colloque "Vulnérabilité et souffrance du soignant" organisé en 2008, nous nous sommes aperçus que la souffrance au travail chez les soignants était une problématique montante, qui plus est souvent tabou. Les médecins, les infirmiers gardent leurs difficultés pour eux et ont du mal à se confier. A partir de ce constat, nous nous sommes dit que nous pouvions les aider, en tant que mutuelle, notamment en créant une consultation de prévention. Mais plusieurs actions ont été mises en place en parallèle, comme la création d'une association de promotion des soins auprès des soignants ou l'accès à un numéro d'appel unique disponible pour tous les médecins en France.
Les soignants sont donc nombreux à ressentir un mal-être au travail ?
Bruno Gaudeau : Même si l'évaluation n'est pas aisée
sur ce thème, des études récentes montrent – sans parler des drames
humains liés au suicide - que beaucoup de professionnels de santé sont
concernés par la souffrance au travail. Une enquête menée par l'Union
Régionale des Médecins Libéraux d'IDF en 2007 a révélé qu'en Ile de
France, l'épuisement professionnel, le "burn-out", touchait un médecin
sur deux. Exigences de plus en plus fortes des patients, poids des
tâches administratives, conditions de travail difficiles, sentiment
d'isolement, violences…Le besoin d'aide et d'accompagnement auprès des
professionnels de santé est évident face au phénomène de souffrance, en
augmentation.
Une étude réalisée en 2003 par le Conseil national de l'Ordre des
Médecins révélait par ailleurs que le risque de suicide chez les
médecins était 2,37 fois plus élevé que dans les autres catégories
d'actifs.
Comment s'organise la consultation de prévention ?
Bruno Gaudeau : Avant de mettre en place la
consultation de prévention ou "diagnostic précoce", une enquête a été
réalisée de juin à octobre 2010, majoritairement auprès de médecins.
Quatre exigences ont été exprimées par les professionnels de santé au
niveau d'une telle consultation : l'anonymat lors de la prise en charge
(83% des médecins), la confidentialité vis-à-vis du promoteur et des
institutions (97%), la proximité géographique avec le lieu d'exercice
(88%) et la gratuité (71%). Ces éléments nous ont permis de poser les
principes d'organisation de la consultation.
Le deuxième volet de l'enquête s'est intéressé à la motivation
éventuelle des médecins interrogés pour assurer eux-même la consultation
: 48% ont répondu qu'ils étaient prêts à les assurer. Un appel à
candidature des médecins référents a été lancé et se prolonge jusqu'à
cet été.
Le réseau sera donc constitué d'ici l'été sachant que l'idée est d'avoir
deux médecins référents par grande région. Le calendrier de formation
des médecins référents pourra ensuite être établi, pour des premières
consultations prévues début 2012.
Si dans un premier temps, la consultation préventive est réservée à nos
adhérents, la démarche a vocation à s'ouvrir et à s'adresser à
l'ensemble des soignants car les besoins d'accompagnement existent.
Documents joints : Site pour l'appel à candidature des médecins référents
Auteur : Par Marianna Reyne, actuEL-HSE