Industrie du plastique renforcé de fibre de verre

Les pics de concentration du styrène sont-ils dangereux ?

Abondamment utilisé dans l’industrie du plastique renforcé de fibre de verre, le styrène est un solvant organique reconnu pour ses effets sur le système nerveux. Or, dans ce type d’industrie, les procédés de fabrication sont habituellement discontinus et, pendant une courte période, les travailleurs sont exposés à des concentrations de styrène assez élevées. Afin de poursuivre les travaux entrepris dans une première phase, une recherche financée par l’IRSST et dirigée par Adolf Vyskocil, de l’Université de Montréal, a étudié les effets des pics de concentration sur la neurotoxicité du styrène dans cette industrie.

« Une analyse critique des recherches sur les effets toxiques du styrène chez des travailleurs exposés a montré que les atteintes au système nerveux central et les irritations des yeux et des voies respiratoires supérieures étaient les problèmes plus fréquemment rapportés », explique M. Vyskocil. Ainsi, des études menées dans l’industrie du plastique renforcé de fibre de verre, dans lesquelles l’exposition des travailleurs a été estimée selon les concentrations moyennes pondérées (CMP), ont mis en évidence des effets neurotoxiques associés à l’exposition au styrène. « Toutefois, en ce qui concerne le potentiel cancérigène du styrène, il n’y a pas de consensus à ce jour chez les chercheurs qui ont étudié la question. Le lien est démontré seulement chez l’animal », précise le chercheur.

Pourquoi cette deuxième phase ?

Au Québec, l’industrie du plastique renforcé de fibre de verre est constituée essentiellement de petites et de moyennes entreprises, comptant 40 employés chacune. Ce milieu dénombre environ 6 000 travailleurs exposés au styrène. « Actuellement, la question de la révision de la valeur d’exposition moyenne pondérée sur huit heures (VEMP) pour les travailleurs exposés au styrène fait l’objet d’une attention particulière de la part des organismes réglementaires, dont la CSST, la Direction générale du travail, en France, et Occupational Safety and Hygiene Associat ion (OSHA), aux États-Unis », explique Adolf Vyskocil. Dans la réglementation québécoise, la VEMP est de 213 mg/m³ (50 ppm) et la valeur d’exposition de courte durée (VECD), de 426 mg/m³ (100 ppm), incluant une notation pour la peau et le C3 cancérigène possible. Toutefois, dans les pays européens et aux États-Unis, elle est de 20 ppm. La caractérisation de l’exposition au styrène des travailleurs de diverses industries du plastique renforcé de fibre de verre, réalisée au cours de la première phase, a montré que des pics de concentration surviennent régulièrement. Ils atteignent de trois à six fois les concentrations moyennes pondérées (CMP) sur huit heures et durent souvent de deux à 17 minutes. « On s’est donc demandé, explique M. Vyskocil, s’il était possible que ces pics aient des effets néfastes sur le système nerveux. En effet, si l’on considère uniquement les CMP sur huit heures, cela pourrait conduire à une mauvaise estimation du risque toxicologique associé à l’exposition des travailleurs au styrène. » De plus, devant les lacunes et les limites des études sur le styrène répertoriées, il devenait important de compléter la recherche en caractérisant les vrais profils d’exposition et en utilisant des tests sensibles qui permettent d’évaluer la neurotoxicité attribuée à ce contaminant. C’était l’objet de la deuxième phase.

Qu’est-ce qu’un pic de concentration ?

Supposons deux personnes de même poids qui rendent visite à des amis. À midi, leur hôte débouche une bouteille de vin et leur offre à boire. La première personne commence à consommer très lentement, de sorte qu’à 20 heures, elle a bu la moitié de la bouteille.

La seconde personne commence à boire à 19 h 30 du soir et avale aussi une demi-bouteille, mais d’un seul trait. Leur hôte leur propose ensuite un jeu qui consiste à marcher sur une ligne droite, les yeux bandés. Il y a fort à parier que la seconde personne aura plus de difficulté à marcher droit.

Source : Rapport de recherche R-640 de l’IRSST

Lire la suite de la publication...

Auteur : IRSST

Les derniers produits des risques professionnels