Enquête Conditions de travail : le travail affecte négativement la santé de 25 % des travailleurs européens

Classé dans la catégorie : Institutionnels

Les premiers résultats de la cinquième enquête européenne sur les conditions de travail ont été présentés les 16 et 17 novembre derniers par le directeur et les chercheurs de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (Fondation de Dublin), dans le cadre des conférences organisées à Bruxelles par la présidence belge de l’Union européenne.

La récolte des données de cette cinquième édition de l’enquête a été réalisée entre janvier et juin 2010 auprès de 43.816 travailleurs actifs dans 34 pays européens*. L’échantillon a été substantiellement augmenté par rapport à la quatrième édition de l’enquête puisqu’en 2005, celui-ci portait sur 30.000 travailleurs répartis dans 31 pays.

Les premières données disponibles permettent quelques constats liminaires et non exhaustifs en matière de santé et de sécurité au travail. Désormais, 84 % des travailleurs de l’Europe des 27 se déclarent satisfaits voire très satisfaits de leurs conditions de travail - soit 2 % de plus qu’en 2000 et 2005. Pourtant, un travailleur européen sur quatre considère que son travail affecte négativement sa santé. De la même manière, alors que 90 % des travailleurs européens estiment être bien informés des risques pour leur santé et leur sécurité, ils sont 25 % à estimer celles-ci menacées dans l’exercice de leur travail. Tous ces indicateurs varient selon la position occupée dans la division sociale du travail : les ouvriers sont plus enclins à considérer que leur santé est menacée et affectée par leur travail que les employés. Ceci n’est guère surprenant : les "cols bleus" sont, comme le confirment une fois de plus les résultats de l’enquête, plus exposés aux risques physiques et professionnels dans leur ensemble que les "cols blancs".

S’agissant des principaux risques physiques, les résultats de l'enquête ne sont guère enthousiasmants. La proportion des travailleurs contraints à des mouvements répétitifs de la main ou du bras continue d’augmenter. En 2010, la part des travailleurs exposés à ce risque s’élève à 63,5 %, soit une augmentation de 7,4 % en dix ans. L’exposition aux substances et aux produits chimiques s’accentue également, bien que de façon plus modérée. Désormais, en moyenne, 15,3 % des travailleurs de l’Europe des 27 y sont exposés, contre 14,5 % en 2005. Chez les ouvriers qualifiés, cette exposition concerne près de 1 travailleur sur trois. La part des travailleurs contraints, au moins pendant un quart de leur temps de travail, à des postures douloureuses ou fatigantes augmente de 1 % par rapport à 2005 pour atteindre désormais 46 %. L’exposition à ce risque est bien supérieure chez les ouvriers (72 % chez les ouvriers qualifiés et 59 % chez les peu qualifiés). Enfin, les résultats de 2010 révèlent une légère diminution de l’exposition moyenne aux vibrations. Cependant, celle-ci dissimule une tendance contraire pour les ouvriers qualifiés pour lesquels l’exposition aux vibrations a quasiment progressé de 10 % en 10 ans. L’on n’est en somme guère surpris de découvrir que si, en moyenne, 60 % des travailleurs européens se déclarent capables de poursuivre leur activité après 60 ans, ce ne soit le cas que pour moins d’un ouvrier sur deux.

La cinquième enquête permet également d’entrevoir quelques effets de la crise économique. Certaines questions donnent un aperçu de l’incertitude et de l’inquiétude ambiante. L’enquête révèle ainsi que la part des travailleurs européens qui pensent qu’ils risquent de perdre leur emploi dans les six prochains mois a augmenté de 3 % par rapport à 2005. Sans surprise, les travailleurs qui ne bénéficient pas d’un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) sont plus enclins à le croire. Alors que, tous statuts d’emploi confondus, la part des travailleurs européens qui adhèrent à cette proposition s’élève à 16 %, parmi les travailleurs sans CDI, ils sont 32 % à y souscrire. Une autre réponse est révélatrice du climat social actuel. Lorsqu'on l'interroge sur une éventuelle perte d'emploi, un peu moins d’un travailleur européen sur trois pense être capable de retrouver un travail avec un salaire équivalent. Enfin, une question relative au "présentéisme" révèle qu'au cours des douze mois ayant précédé l'enquête, près de quatre travailleurs européens sur dix se sont rendus au travail alors qu’ils étaient malades.

Le rapport complet de la cinquième enquête européenne sur les conditions de travail sera rendu public dans les prochains mois. Un résumé des premiers résultats est d’ores et déjà disponible sur le site web de la Fondation de Dublin.

* Les 27 Etats membres de l'UE ainsi que la Norvège, la Turquie, l’Albanie, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro et le Kosovo.

Auteur : ETUI-HESA

Réactions...

Webmaster le :

"Le travail c'est la santé...

...Ne rien faire c'est la conserver" :) LOL

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