La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, commémorée chaque 28 avril, met en lumière les pertes humaines liées aux activités professionnelles. Avec près de deux millions de décès annuels dans le monde attribués au travail, cette journée souligne l'ampleur des drames vécus par ceux qui "perdent leur vie à la gagner". En France, malgré une baisse significative des accidents du travail depuis l'après-guerre, les chiffres stagnent depuis une décennie, avec plus de 560 000 accidents annuels dans le secteur privé, dont près de 35 000 laissant des séquelles physiques.
Les statistiques officielles, pourtant déjà alarmantes, ne reflètent pas entièrement la réalité, ne prenant pas en compte certains travailleurs et régimes spécifiques. Les secteurs les plus touchés incluent l'intérim, l'agroalimentaire, les transports, le BTP et la santé-nettoyage, avec une surreprésentation des ouvriers. Les hommes sont plus exposés, mais les femmes connaissent également une hausse des accidents, notamment dans le secteur médico-social.
Les accidents surviennent principalement lors de la manutention, des chutes, ou par l'utilisation d'outils à main. Cependant, derrière ces chiffres se cachent des réalités organisationnelles néfastes. Des enquêtes sociologiques révèlent une corrélation entre les accidents du travail et des modes de production intensifs, tels que les délais serrés et l'urgence constante.
Les travailleurs précaires, comme les intérimaires et les jeunes, sont les plus touchés. La précarité de l'emploi, qui affecte plus d'un jeune sur deux en France, pousse souvent ces travailleurs à prendre des risques pour conserver leur emploi. De plus, la sous-traitance et l'absence de syndicalisation aggravent la vulnérabilité des travailleurs.
Cependant, une mobilisation croissante émerge pour sensibiliser à ces enjeux. Des initiatives telles que les actions de Mathieu Lépine, le collectif de familles de victimes, ou l'association "Cordistes en colère, cordistes solidaires" attirent l'attention sur les accidents du travail. Les politiques publiques commencent également à répondre, avec la création d'un plan de prévention ciblant les travailleurs les plus vulnérables.
Cette prise de conscience croissante pourrait marquer un tournant dans la manière dont la sécurité au travail est abordée, mettant en avant la nécessité d'une justice sociale dans les relations et l'organisation du travail.
Auteur : Inforisque.Source : Accidents du travail : pourquoi demeurent-ils encore aussi peu visibles ?.
Sur le même sujet : 2 morts par jour en France dûs à des accidents professionnels, Les enjeux de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail - 28 avril 2024.
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