Hôtellerie : la santé des salariés doit rester une priorité

En France, l'hôtellerie représente plus de 21 000 établissements dans lesquels travaillent 187 000 salariés. Ce secteur est très touché par la désinsertion professionnelle et peine à recruter. La prévention des risques professionnels, en particulier des troubles musculosquelettiques (TMS), constitue un levier d'action pour s'attaquer à ces deux problèmes. Des outils et des aides financières existent pour mettre en oeuvre une démarche.

Avec en moyenne 215 jours d'arrêts par maladie professionnelle et l'attribution d'une incapacité dans 40 % des cas, les salariés de l'hôtellerie sont particulièrement exposés à un risque de désinsertion professionnelle. Au total, plus de 520 000 journées de travail ont été perdues en 2015 à la suite de maladies professionnelles ou d'accidents du travail. Une difficulté supplémentaire pour l'employeur, également confronté à des difficultés pour recruter et fidéliser les salariés.

TMS : première cause d'absentéisme et de maladies professionnelles

Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent la première cause d'absentéisme et de maladies professionnelles dans le secteur. Les femmes et valets de chambre, les équipiers, les bagagistes sont particulièrement concernés. Ils occupent en effet des postes nécessitant de nombreuses manutentions, des gestes répétitifs et des postures contraignantes. Le phénomène est d'ailleurs amplifié du fait du vieillissement de la population des salariés. Des solutions peuvent être apportées, en agissant par exemple sur l'organisation du travail ou grâce à la mise à disposition d'outils d'aide à la manutention.

D'autres risques sont également à surveiller, dans les petits comme dans les grands hôtels. Le risque chimique par exemple, lié à l'utilisation de certains produits de nettoyage et d'entretien. Une réflexion doit être menée pour substituer les plus dangereux. Le travail en horaires décalés ou de nuit est caractéristique de certains postes - réceptionnistes, employés du service d'étage ou du bar... Afin de limiter les troubles du sommeil et de l'alimentation (prise de poids, diabète, hypercholestérolémie), il est conseillé aux employeurs de garder une certaine régularité dans les horaires de ces salariés. Par ailleurs, les risques psychosociaux sont en progression dans l'hôtellerie, comme dans beaucoup d'autres secteurs. Les rythmes de travail soutenus et les contraintes de temps sont mis en avant par les salariés en souffrance. Ils peuvent être ponctuellement exacerbés par la désorganisation des équipes, liés aux arrêts de travail ou à des licenciements faisant suite à une baisse d'activité.

L'ErgoRoom : la chambre des solutions

Des outils existent aujourd'hui pour aider les hôteliers à lutter contre les risques professionnels, améliorer la qualité de vie au travail et réduire la pénibilité du personnel. Sept d'entre eux ont été regroupés dans « l'ErgoRoom », une chambre-témoin conçue par un architecte d'intérieur, un collectif de sept entreprises fournissant ce type de matériel et la Cramif. Elle a été présentée pour la première fois aux hôteliers lors du salon Équip'Hôtel, qui s'est tenu à Paris en novembre 2016. L'ErgoRoom montre que l'on peut intégrer la prévention tout en respectant les codes de l'hôtellerie : lève-lits, système de fixation des couettes, chariots motorisés, aspiration centralisée, outils télescopiques pour lutter contre les TMS du personnel d'étage, logiciel de communication entre services pour faciliter l'organisation du travail et diminuer le stress, ou nettoyage vapeur pour supprimer le risque chimique... Et les solutions retenues pour l'amélioration des conditions de travail du personnel d'étage n'altèrent en rien le design de la chambre ou confort du client. Cette chambre-témoin est désormais dans les locaux de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Île-de-France, où elle est utilisée pour des formations. Celles-ci sont dispensées par deux gouvernantes et sont destinées au personnel d'étage, aux gouvernantes, mais aussi aux techniciens d'entretien qui vont être amenés à intervenir sur ces équipements, ou pour les réceptionnistes et les assistants d'exploitation afin qu'ils découvrent le travail du personnel d'étage.

Formations et aides financières

Des formations en santé-sécurité au travail adaptées aux différents métiers de l'hôtellerie sont également proposées par l'Umih-formation et l'Asforest, le centre de formation continue du Syndicat national des hôtels, restaurants, cafetiers, traiteurs (Synhorcat), membre du Groupement national des indépendants (GNI), une autre organisation professionnelle du secteur. Selon le GNI, qui a développé pour ses adhérents un diagnostic pénibilité adapté à leur activité, les postes les plus pénibles dans l'hôtellerie se rencontrent dans les fonctions de femme et valet de chambre. Des actions de prévention doivent être mises en place en priorité sur ces postes.

Afin de lutter contre les accidents du travail et les maladies professionnelles, une convention nationale d'objectifs (CNO) a été signée en août 2015 entre la CnamTS, d'une part, et les deux principales organisations du secteur - l'Umih et le GNI-Synhorcat - d'autre part (la convention [PDF]). Elle permet aux hôtels de moins de 200 salariés d'obtenir des conseils et une aide financière dans la mise en place d'une stratégie de prévention des risques, à travers un contrat de prévention établi entre l'établissement et sa Caisse régionale. Elle est valable jusqu'au 30 août 2019. Outre le financement d'aides techniques, le contrat de prévention intègre la formation de l'employeur ou d'un référent sécurité au sein de l'établissement. En plus des contrats de prévention, les hôtels de moins de 50 salariés peuvent aussi bénéficier des AFS TMS Pros diagnostic et TMS Pros actions.

Un avenant vient d'étendre l'application de la CNO aux lycées hôteliers : ceux-ci pourront également bénéficier d'aides financières pour leurs salles de formation lors de l'investissement dans de nouveaux équipements intégrant la prévention des risques. Les futurs salariés de l'hôtellerie pourront ainsi s'approprier les outils de prévention dès le début de leur carrière.

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