Allergies, tous concernés !

Les allergies professionnelles sont des pathologies chroniques qui peuvent devenir très invalidantes pour les salariés chez qui elles se développent. Souvent sous estimées, elles sont retrouvées dans de nombreux secteurs d’activité et professions. Et pour cause : plus d’un millier de substances ont été identifiées comme pouvant provoquer des allergies cutanées et/ou respiratoires. Les démarches de prévention des entreprises doivent prendre en compte ce risque.

Asthmes, rhinites, eczémas, urticaires... Ces pathologies qui touchent les voies respiratoires ou la peau peuvent être la manifestation d’une allergie professionnelle. L’allergie est définie comme une réaction anormale et excessive du système immunitaire, à la suite d’une exposition à une substance rencontrée notamment dans le milieu de travail. Elle peut devenir très invalidante car une fois la pathologie déclarée, de très faibles niveaux d’exposition à la substance en cause, c’est-à-dire l’allergène, suffisent à déclencher les symptômes.

Les allergies respiratoires peuvent prendre différentes formes. Une rhinite est souvent associée à l’asthme, comme le montrent les données du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P). Le plus souvent, elle le précède et peut alors constituer un signal d’alerte. Par ailleurs, il existe des asthmes aggravés par le travail, c’est-à-dire un asthme préexistant chez le salarié, aggravé par une exposition en milieu professionnel. Il n’existe pas de tableau de maladie professionnelle pour ces asthmes. Cependant, l’asthme aggravé par le travail est au moins aussi fréquent que l’asthme professionnel. Plus rares, les pneumopathies d’hypersensibilité sont des inflammations des poumons causées par une réaction allergique à une exposition à des poussières animales ou végétales.

Les allergies cutanées professionnelles sont également protéiformes. Les plus fréquentes sont des dermatites de contact allergique qui se manifestent par des rougeurs et des vésicules sur la peau, apparaissant de manière retardée par rapport au contact avec l’allergène. Elles touchent la zone de contact avec la substance en cause - les mains le plus souvent - mais elles peuvent parfois s’étendre.

Une grande diversité de substances sensibilisantes

Les substances en cause dans les allergies sont très variées. Elles sont le plus souvent chimiques mais peuvent aussi être des agents biologiques. Le nombre de substances responsables d’allergies respiratoires en milieu professionnel est estimé à 500. Selon l’Observatoire national des asthmes professionnels II (ONAP II), la farine reste l’agent incriminé le plus fréquemment (19 % des cas) sur la période 2008-2014. L’exposition à des ammoniums quaternaires ou à d’autres produits de nettoyage est mise en cause dans 15 % des cas. Près de 1000 substances ont été identifiées comme allergène de contact.

Les allergies touchent des salariés plutôt jeunes : 40 ans en moyenne pour l’asthme et 35 ans pour la dermatite allergique de contact ou eczéma, qui est l’allergie cutanée la plus fréquente. Sur le plan de l’activité professionnelle, les répercussions sont importantes pour les personnes concernées. Ces pathologies chroniques nécessitent souvent un aménagement de poste, un reclassement ou une réorientation professionnelle. Cela peut être vécu comme un drame par certains qui doivent alors quitter leur emploi.

De nombreux secteurs d’activité et professions sont concernés. Ce sont les boulangers-pâtissiers, les coiffeurs, les agents de nettoyage et les agents de services hospitaliers qui sont les plus touchés par l’asthme. Les professions les plus affectées par les allergies cutanées sont les coiffeurs, encore, le personnel soignant, les ouvriers du BTP et à nouveau les agents de services hospitaliers.

Les allergies sont regroupées dans une trentaine de tableaux de maladies professionnelles (lien avec la base MP). En 2016, 169 nouveaux cas d’asthme professionnel et 382 d’eczéma allergique ont ainsi été reconnus en tant que maladie professionnelle. Cela semble peu par rapport aux 48 762 maladies professionnelles reconnues dans le régime général cette même année, mais les allergies sont souvent sous-déclarées. Les revues de littérature scientifique internationales estiment qu’environ 15 % des cas d’asthme chez l’adulte seraient d’origine professionnelle.

Allergies et prévention

Les allergies doivent être prises en compte dans la prévention des risques professionnels. Cette évaluation s’intéressera aussi aux agents irritants. L’irritation peut précéder et favoriser l’allergie. Dans l’idéal, la prévention des allergies cutanées et respiratoires passe par l’identification des substances ou des produits en cause afin de les substituer. Quand la substitution n’est pas possible, des mesures de prévention collectives peuvent être envisagées : confiner les procédés émissifs, utiliser des formulations émettant moins de poussières en remplaçant les poudres volatiles par des pâtes (comme cela a été fait pour les produits capillaires de décoloration par exemple) afin d’éviter la présence d’allergènes dans l’air ambiant.

Les sprays sont notamment à proscrire pour éviter la mise en suspension de molécules sensibilisantes ou irritantes. De la même manière, le nettoyage des surfaces et des locaux empoussiérés doit se faire à l’humide. Un captage à la source associé à une ventilation adaptée permet de limiter l’exposition des salariés. La prévention des allergies cutanées passe aussi par l’utilisation d’EPI, et notamment de gants. Ceux-ci doivent être choisis en fonction de la substance manipulée et changés régulièrement. Par ailleurs, les gants doivent être portés sur des périodes courtes afin d’éviter la macération cutanée.

Ces EPI peuvent toutefois être aussi des causes d’allergies, en particulier les gants en caoutchouc naturel (latex) et synthétique. La sensibilisation aux additifs de vulcanisation utilisés dans la fabrication de ces EPI est fréquente, comme cela a pu être constaté chez les personnels soignants notamment. Dans ce secteur, la prévention s’appuie notamment sur l’utilisation de gants non poudrés (pour éviter la mise en suspension dans l’air de protéines de latex adsorbées sur les particules de poudre) et l’utilisation de gants en vinyle pour certains soins. Des modifications de fabrication des gants ont également permis la réduction de la teneur en allergènes.

Des outils d'aide à l'identification des allergènes cutanés et respiratoires

La collection des fiches d’allergologie professionnelle est constituée de deux séries de « fiches » traitant des allergies professionnelles cutanées et respiratoires, rédigées par des médecins spécialisés dans le domaine. Les thèmes sont traités sous l’angle d’un secteur d’activité (alimentation, déchets...), d’un métier (coiffeur, boulanger...), d’un produit ou d’une classe de produits (latex, antiseptiques et désinfectants...). Y sont, notamment, abordés les allergènes identifiés au poste de travail, la clinique, la démarche diagnostique autant en milieu de travail qu’en milieu spécialisé, les moyens de prévention.

La collection des fiches

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