Aide à la personne : Prendre soin plutôt que prendre en charge

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Le nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles dans le secteur de l'aide et du soin à la personne est nettement plus élevé que la moyenne. Dans une large majorité des cas, les manutentions manuelles sont en cause. Une nouvelle approche, visant à intégrer les aides techniques de façon globale dans l'activité, amène la profession à réinterroger ses pratiques. Comment prendre soin plutôt que « prendre en charge » ? Autrement dit, apprendre à ne plus porter. Pour les 3,5 millions de professionnels concernés en France, la démarche doit s'inscrire dans la durée et nécessite de faire bouger certaines lignes. En formation initiale comme en formation continue.

En France, plus de 3,5 millions de professionnels travaillent dans le secteur de l'aide et du soin à la personne. Certains exercent en établissement (hôpital, Ehpad, foyer d'accueil...), d'autres au domicile d'un bénéficiaire avec, d'un lieu à l'autre, des conditions d'intervention et des moyens extrêmement variables. Depuis toujours, la manutention de charges ou de personnes pour accompagner les déplacements ou les transferts est au coeur de l'activité. Plusieurs fois par jour, il faut aider des personnes fragiles, vieillissantes, malades ou handicapées à s'assoir, se mettre debout, marcher ou se rehausser dans leur lit. Le nombre d'accidents du travail dans le secteur est bien supérieur à la moyenne nationale et a augmenté de 50 % en 10 ans. Plus de deux tiers des accidents sont dus aux manutentions manuelles. De plus, l'essentiel des maladies professionnelles rencontrées relève du tableau 57 du régime général : affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail. Les professionnels sont également confrontés à une multitude d'autres risques : chutes, glissades, risques infectieux, ou encore risques psychosociaux, puisqu'ils doivent notamment faire face à la maladie ou à la fin de vie.

Des aides techniques à concevoir, intégrer, utiliser...

Ces dernières années, la mise à disposition d'aides techniques pour supprimer les manutentions - ou a minima réduire les efforts et postures contraignantes - a constitué un axe majeur des politiques de prévention menées dans le secteur. En établissement comme au domicile, l'ergothérapeute est le professionnel de santé de référence pour les aides techniques. Il peut être consulté pour faire le lien entre les besoins et le matériel à disposition ou à commander. Toutefois, l'aide technique ne fait pas tout. Au préalable, les locaux doivent avoir été conçus et aménagés en conséquence, que ce soit en termes d'espace pour l'implantation des aides techniques, de revêtements de sols, de zones de circulation ou de stockage.

Au domicile, dans un environnement rarement adapté au travail, la situation est souvent très complexe. La conception des aides techniques elle-même, ensuite, doit intégrer les risques professionnels et notamment des troubles musculosquelettiques (TMS) auxquels sont exposés les soignants. C'est encore trop rare. L'aide technique peut modifier le mode de manutention. Manoeuvrée dans des espaces restreints, elle nécessite parfois des amorçages répétés du mouvement, des efforts de tirer-pousser... Autre point essentiel : l'aide technique doit être bien intégrée, c'est-à-dire disponible et en état de fonctionnement. En établissement, cela suppose des investissements. Au domicile, des oppositions à une médicalisation de la sphère privée peuvent être rencontrées. Se pose enfin la question de l'utilisation : le professionnel va-t-il se servir de l'aide technique et le fera-t-il dans de bonnes conditions ? Pour que l'aide technique ne soit pas uniquement perçue comme la solution de dernier recours, la formation est essentielle. Celle du personnel comme celle de l'encadrement (lire l'encadré).

Apprendre à ne plus porter

Aujourd'hui, l'INRS propose une approche selon laquelle les aides techniques doivent faire partie du « prendre soin » et être intégrées de manière généralisée dans l'activité de soin, afin qu'elles ne soient pas réservées qu'aux situations extrêmes. Pour cela, l'idée reçue, selon laquelle faire une manutention nécessite un effort physique, doit être combattue. Intégrer l'aide technique « naturellement » dans le soin s'avère à la fois bénéfique pour le personnel et pour la personne aidée. Cela permet d'accompagner cette dernière en sécurité, en préservant son autonomie et en libérant le soignant de contraintes physiques qui présentent des risques et nuisent à la qualité de soin. C'est également un moyen de se recentrer sur la dimension relationnelle, qui est l'essence même du métier.

Note : un symposium « Aide et soins à la personne » est organisé par l'INRS le mercredi 6 juin de 18h à 19h30 lors du congrès de médecine et de santé au travail de Marseille.

Prap 2S, pour qui ?

La formation Prap 2S (Prévention des risques liés à l'activité physique, secteur sanitaire et social) est conçue pour permettre aux salariés de ce secteur de devenir acteurs de prévention des risques liés à l'activité physique dans leur entreprise ou leur établissement. Elle est dispensée par un formateur Prap 2S certifié par l'INRS et permet d'aborder la question de la mobilisation des personnes par une approche globale de la situation et de l'environnement de travail. En savoir plus

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