Travail en hauteur Des chutes à ne pas prendre de haut

Les chutes de hauteur sont fréquentes et leurs conséquences parfois dramatiques. Elles sont un risque majeur dans de nombreuses entreprises, quel que soit le secteur d'activité. Pourtant, de tels accidents n'ont rien d'une fatalité. Il est tout à fait possible de les prévenir, que ce soit en intervenant sur l'organisation du travail, le choix du matériel ou encore la formation des différents acteurs de l'entreprise.

Glisser d'une échelle sur un chantier, tomber depuis une passerelle sans garde-corps, déraper sur une marche lors de la descente d'une cabine de camion... Les chutes de hauteur surviennent dans des situations de travail très variées et parfois tout à fait banales, avec des conséquences qui peuvent s'avérer dramatiques. Leur point commun ? La présence d'un dénivelé, du fait que le salarié travaille soit en hauteur, soit sur un sol en pente, ou encore à proximité de fouilles, de tranchées ou de puits. Les chutes de hauteur représentent un risque présent dans tous les secteurs d'activité.

Les chutes dans les escaliers sont les plus fréquentes et constituent près de la moitié des 47 887 chutes de hauteur répertoriées en 2016. Cette même année, elles ont causé 26 décès et 3 273 incapacités permanentes. Les accidents graves surviennent le plus souvent au cours d'interventions en toitures, en terrasses, sur une verrière ou sur une charpente. Une situation similaire est observée par la Mutualité sociale agricole (MSA) qui a enregistré 12 décès dus aux chutes de hauteur et 922 incapacités permanentes, pour huit fois moins de travailleurs.

Les chutes de hauteur peuvent aussi arriver depuis des postes de travail « mobiles ». Bien que leur gravité soit modérée, les chutes de véhicules sont par exemple responsables de près d'un quart des accidents du travail dans le secteur des transports.

Anticiper le risque

Dans tous les secteurs, le risque de chute de hauteur doit être anticipé et pris en considération dès la conception des locaux de travail, y compris pour les opérations de maintenance. Dans l'idéal, la prévention passe par la mise en place d'équipements fixes de protection collective, par exemple, des plans de travail ou passerelles sécurisés par un garde-corps permanent. L'utilisation d'équipements collectifs non pérennes, comme les plates-formes élévatrices mobiles de personnel (PEMP), doit également être privilégiée lorsqu'une installation permanente sécurisée n'est pas disponible. À noter que ne sont habilitées à conduire une PEMP que les personnes formées à la conduite de ces engins et titulaires d'une autorisation de conduite, établie et délivrée par leur employeur sur la base d'une évaluation effectuée par ce dernier.

En dernier recours, la protection individuelle contre les chutes de hauteur sera réservée aux situations où il n'est pas possible de recourir à des équipements assurant une protection collective et aux interventions de courte durée et à caractère non répétitif.

Enfin, il est important de fournir les instructions appropriées aux travailleurs : formation obligatoire à l'utilisation des équipements de travail assurant une protection collective, instructions et entraînement pour le port des équipements de protection individuelle.

Une cible majeure des plans santé au travail

Depuis plusieurs années, les chutes de hauteur constituent une cible majeure des plans santé au travail du régime général. En 2014, une campagne de communication a été menée par l'ensemble des acteurs du réseau prévention - Direction générale du travail, Cnam, INRS, OPPBTP, MSA et Régime social des indépendants (RSI). Intitulée « Travaux en hauteur, pas droit à l'erreur », elle rappelle que l'organisation du travail, le choix du matériel adapté à la situation et la formation des salariés à tous les niveaux de l'entreprise constituent des moyens de prévention efficaces contre ce risque. Que ce soit dans le régime général, à la MSA ou encore au RSI, cette campagne de communication s'est accompagnée de multiples actions de terrain.

En 2015, afin de réduire la sinistralité liée aux chutes, une action nationale a été également engagée pour quatre ans. Mené par la Cnam en partenariat avec l'OPPBT, le Programme prioritaire de prévention contre les chutes dans la construction (P3C3) cible 3 600 entreprises à forte sinistralité de 20 à 49 salariés. Le point de départ est un diagnostic réalisé par les conseillers en prévention des Carsat et de l'OPPBTP. Il permet de définir des pistes d'action en prévention, portant sur l'organisation des chantiers, les compétences des salariés et les équipements de travail. Le plan prévoit un accompagnement de ces entreprises sur trois ans et la possibilité d'aides financières ciblées.

Les travailleurs du BTP particulièrement exposés

C'est dans le BTP que l'on retrouve la plus grande proportion d'accidents graves liés à des chutes de hauteur. Ce secteur enregistre à lui seul 69,2 % des décès et 29,1 % des incapacités permanentes causés par ce risque. Selon la Cnam, les chutes de hauteur dans le secteur sont dues majoritairement à la perte d'équilibre du salarié monté sur des échelles mobiles, fixes et des escabeaux. Le Code du travail précise pourtant qu'il est interdit d'utiliser des échelles, escabeaux et marchepieds comme poste de travail, sauf en cas d'impossibilité technique d'avoir recours à d'autres dispositifs (l'article R. 4323-63 du Code du travail).

Les évolutions du matériel offrent pourtant un large panel de solutions pour prévenir ce risque, notamment en termes d'échafaudage. En 2004, une recommandation a été adoptée par le Comité technique national du bâtiment et des travaux publics (CTN B), afin de sécuriser le montage, l'utilisation et le démontage des échafaudages de pied. En 2011, le CTN B a également adopté une recommandation pour les échafaudages roulants s'adressant aux monteurs, aux vérificateurs et aux utilisateurs.

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