La santé dans les laboratoires de biologie médicale

La diversité des expositions professionnelles rencontrées dans les laboratoires de biologie médicale (LBM) est grande. Le personnel est confronté à la manipulation d'agents biologiques potentiellement pathogènes, mais également à l'utilisation de nombreux produits chimiques ou encore aux contraintes ostéo-musculo-articulaires générées par la répétitivité de certaines tâches. Ces dernières années, le secteur s'est transformé. Un nouveau panorama de l'activité s'est dessiné, au fil de regroupements massifs qui ont touché les établissements privés et publics. Lors de la conception de locaux comme à l'occasion de tout changement organisationnel, l'évaluation des risques - et de tous les risques - reste un préalable auquel nul ne peut se soustraire.

Les Laboratoires de biologie médicale (LBM) reçoivent des échantillons humains sur lesquels sont notamment réalisées des analyses microbiologiques, biochimiques ou hématologiques. Depuis plusieurs années, le secteur connaît d'importants bouleversements. Après l'ordonnance du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale et du fait de l'obligation d'accréditation avant le 31 décembre 2017, beaucoup de laboratoires ont procédé à des regroupements massifs leur permettant de mieux en supporter les contraintes et les coûts. À l'heure actuelle, on dénombre 613 laboratoires privés, à comparer aux 2900 structures juridiques présentes en 2013. Du côté des établissements publics, la transformation s'est accentuée depuis la mise en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT), l'une des mesures de la loi de modernisation de notre système de santé. Il reste ainsi 306 laboratoires hospitaliers, contre 800 en 2013.

Risque biologique : une priorité

Les échantillons manipulés dans les LBM étant susceptibles de contenir des agents biologiques pathogènes, la prévention du risque infectieux constitue une priorité. Ces agents peuvent potentiellement contaminer le personnel par voies aérienne, digestive, ou encore par contact avec la peau ou les muqueuses. Des accidents exposant au sang peuvent également survenir, en particulier au cours des phases de prélèvement. Ils sont heureusement de plus en plus rares, les systèmes de prélèvements sous vide s'étant systématisés et les matériels de sécurité étant de plus en plus présents.

Les agents biologiques sont classés en plusieurs groupes en fonction du risque infectieux qu'ils présentent. Suivant le type d'agent manipulé, des niveaux de confinement spécifiques sont à mettre en oeuvre pour les salles techniques des laboratoires. L'évaluation des risques biologiques conditionne donc la conception des locaux de travail. Le risque biologique dépend des situations de travail et des gestes réalisés au cours des prélèvements ou des analyses, mais également lors de la réception des échantillons, des opérations de nettoyage, de maintenance ou de gestion des déchets. Certaines règles organisationnelles, comme le fait de limiter les croisements des circuits propres et des circuits sales et de confiner dans des pièces dédiées les opérations à risques biologiques plus spécifiques, restent indispensables.

D'autres risques à ne pas négliger

Par ailleurs, l'évaluation des risques biologiques doit toujours être replacée dans le cadre d'une évaluation globale des risques professionnels rencontrés au laboratoire. De nombreux produits chimiques - dont certains CMR - sont utilisés pour les analyses, ou lors de la désinfection des locaux et des équipements. Des règles spécifiques doivent être mises en oeuvre concernant leur stockage, leur utilisation et leur élimination.

D'autre part, les pipetages répétés et les manipulations liées au grand nombre d'échantillons à traiter peuvent générer des troubles musculosquelettiques (TMS). D'autres risques, tels que le risque routier, ou les risques psychosociaux doivent également être regardés de près, en particulier au cours des phases de réorganisation. Certains personnels sont confrontés à des mobilités internes, parfois des changements de métier. Les regroupements de laboratoires ont aussi conduit à la conception de nouvelles plateformes techniques, très automatisées, dont certaines gèrent plus de 10 000 tubes par jour. L'activité a changé.

Des progrès et de nouveaux défis

En matière de prévention, les regroupements ont pu avoir des effets bénéfiques. Le travail au sein de structures plus grandes a souvent permis de mieux s'organiser et d'homogénéiser les pratiques. L'arrêté du 16 juillet 2007 a également défini des exigences en termes d'équipements des laboratoires, en particulier les postes de sécurité microbiologiques. Des efforts ont été conduits depuis pour mettre à niveau les salles d'analyses. L'automatisation s'est développée, ce qui a augmenté le niveau général de sécurité. Avant tout achat, il est d'ailleurs indispensable de s'assurer que le nouvel automate intègre des dispositifs de sécurité.

L'enjeu, désormais, est de continuer à accompagner les transformations du métier. Un technicien de laboratoire ne travaille plus comme il y a quinze ans. Ces changements doivent être pris en compte, notamment en termes de formation.

Risque infectieux

Les agents biologiques sont classés en quatre groupes en fonction de la gravité croissante du risque d'infection qu'ils présentent pour l'homme.

GroupesPathogénicité chez l'hommeDanger pour le travailleurPropagation dans la collectivitéExistence d'une prophylaxie ou d'un traitement efficace
1Non---
2OuiOuiPeu probable Oui
3OuiOuiPossibleOui
4OuiOuiÉlevéeNon

Trois niveaux de confinement (numérotés de 2 à 4) correspondant respectivement aux groupes de risque infectieux 2 à 4 permettent de définir les mesures d'ordre architectural (présence d'un sas, filtration de l'air extrait, dépression du local...) et organisationnelles (matériel, rangement des vêtements de protection, nettoyage...) qui doivent s'appliquer.

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