La sécurité de la collecte au traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques

La filière est jeune. À peine dix ans. En revanche, en termes de risques professionnels, la maturité n’attend pas le nombre des années. La gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), et plus particulièrement leur recyclage, est une activité qui progresse vite, tant en matière de volumes que de technologies. Si la protection des salariés semble déjà bien prise en compte dans les entreprises du secteur, les évolutions des matériels obligent à un renouvellement permanent des pratiques.

Officiellement créée en novembre 2006, la filière DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques), qui organise la collecte, le transport, le recyclage et le démantèlement des DEEE, est partie de zéro. Une petite dizaine de milliers de tonnes de ces déchets ménagers étaient collectées en 2006. Ce chiffre a explosé pour atteindre 578 000 tonnes en 2015 en France. Même tendance, à une échelle moindre, pour les DEEE professionnels (médical, bâtiment, industrie, recherche...). Et la marge de progression est encore grande, puisque, à ce jour, le taux de collecte n’atteint que 45 % des appareils mis en service.

La collecte des équipements ménagers s’organise suivant six flux : gros électroménager froid (GEM F), gros électroménager hors froid (GEM HF), écrans (cathodiques et plats), petits appareils en mélange (PAM), lampes et tubes fluorescents, panneaux photovoltaïques. Pour chacun de ces flux, l’itinéraire des DEEE peut se décomposer selon les étapes suivantes : dépose dans des points de collecte, acheminement dans des centres de regroupement, transport vers des centres de traitement, où ils sont soit recyclés, soit valorisés, soit détruits.

À l’origine, la filière DEEE a vu le jour pour répondre à une problématique environnementale. En dix ans, elle s’est largement professionnalisée. Ce sont les éco-organismes qui l’ont structurée. Ces sociétés à but non lucratif, agréées par les pouvoirs publics pour six ans, jouent un rôle de conseil et de support auprès des entreprises de la filière. Elles ont organisé un réseau sur tout le territoire, avec aujourd’hui plus de 50 000 points de collecte.

Des pratiques en progrès

Du point de collecte au centre de traitement, des risques professionnels sont présents à chaque étape, dans chacun des flux. Selon les équipements et les procédés, peuvent survenir des risques mécaniques liés aux manutentions, des risques électriques, chimiques, radiologiques ou encore biologiques. Les lampes présentent par exemple un risque toxicologique lié au mercure mais également des risques de coupure ou d’incendie et d’explosion-implosion pour certaines d’entre elles. Les DEEE professionnels, qui se distinguent par leur taille importante, nécessitent de nombreuses manipulations pour le démontage et le démantèlement.

Il y avait donc tout à faire en matière de prévention. L’INRS est intervenu très tôt auprès des éco-organismes pour réaliser des campagnes de mesures, en particulier sur le risque chimique, et aider à définir des méthodes de repérage des risques. Les premiers sujets d’étude ont porté sur les écrans à tube cathodique, qui contiennent du verre plombé, et les lampes. Selon les acteurs du secteur, beaucoup de progrès ont été réalisés en dix ans sur les protections collectives et sur le respect du port des EPI. Des améliorations ergonomiques ont également vu le jour sur certaines lignes. Les usines qui sortent de terre sont conçues en tenant compte des futures conditions de travail. Des actions de formation sur les sujets liés à la prévention et la sécurité se multiplient également. Et de plus en plus d’entreprises recrutent une personne qualifiée en hygiène, sécurité, environnement, ce qui est l’occasion de mettre les pratiques à plat et d’impulser une phase de progrès.

Méthodes d’aide au repérage des risques

De nouvelles technologies et procédés innovants apparaissent, créant de nouveaux métiers et générant de nouveaux risques. Et de nouvelles problématiques émergent, avec l’apparition de nouveaux matériels tels que les DEEE professionnels ou les piles au lithium, dont les tonnages collectés ne cessent d’augmenter. Parallèlement, des cartographies de risques associés aux nouveaux déchets entrant dans le périmètre de reprise des éco-organismes sont mises en place, avec le concours des fabricants. C’est par exemple le cas pour les lampes à très haute pression ou les dispositifs médicaux. Des recommandations de prévention à destination des opérateurs de collecte et de traitement sont également émises.

À moyen terme, la tendance devrait s’orienter vers plus d’écoconception : les producteurs d’équipements électriques et électroniques sont encouragés à utiliser des matériaux plus recyclables et à mettre en oeuvre des assemblages plus simples à démonter ou à recycler en fin de vie du produit. Cela devrait faciliter l’identification et la récupération des substances dangereuses qu’ils contiennent. Cette filière en mouvement constant n’en a donc pas terminé avec l’évolution de ses pratiques.

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