Écologie industrielle : ajouter les problèmes des uns et des autres pour obtenir des solutions

Avec leur projet de carburant alternatif Vasco 2, les entreprises de la zone portuaire de Fos-sur-Mer font un pas de plus vers l’écologie industrielle. Objectifs : mieux valoriser leurs effluents gazeux et trouver de nouvelles perspectives de développement.

Sur le papier, c’est une évidence. Les industriels installés sur un même territoire ont parfois tout intérêt à collaborer pour mutualiser certains services de gardiennage ou de transport, voire pour trouver des synergies entre eux. En pratique, c’est nettement moins évident pour de multitudes raisons : la méconnaissance de ce que fait son voisin, des querelles de personnes, la peur de trop en dire sur son process ou de perdre son temps en réunion… À Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), les entreprises de la zones industrialo-portuaire (ZIP) ont semble-t-il franchit les différents obstacles. Réunies par l’association Piicto (pour plateforme industrielle et d’innovation Caban Tonkin), elles multiplient les projets communs, dont le dernier en date, Vasco 2, lancé mi-octobre.

Chimie verte

Si l’acronyme fait référence à la "valorisation et au stockage de CO2", difficile de ne pas penser aussi à un jeu de "vases communicants" tant ce projet semble traduire l’esprit de l’écologie industrielle qui pourrait se résumer par l’assertion : ajoutez les problèmes des uns et des autres et vous obtiendrez des solutions… En l’occurrence, Vasco a pour objectif de capter les fumées chargées en dioxyde de carbone de plusieurs industriels de la ZIP pour cultiver diverses espèces de micro-algues maritimes. Celles-ci seront ensuite liquéfiées pour obtenir des biocarburants de troisième génération, des additifs ou pourquoi pas des produits de niche comme des cosmétiques.

Montée en charge progressive

Les entreprises locales ont tout à y gagner. Mis bout à bout, "les surplus de CO2 sur la plateforme industrielle représentent un demi million de tonnes par an", explique Nicolas Mat, secrétaire général de Piicto. En pleine reconversion, la raffinerie de Total voisine cherche parallèlement une porte de sortie au tout pétrole. Ce projet compte bon nombre d’organismes de recherche comme l’Ifremer qui s’est déjà fortement impliqué dans Vasco 1, en 2011 et 2012. Son laboratoire de Palavas-les-Flots (Hérault) a accueilli les expérimentations académiques permettant d’étudier la culture des micro-algues. Vasco 2 est passé à l’étape suivante en testant le procédé à ciel ouvert dans un bassin de 10 mètres carrés avec du CO2 de synthèse, puis avec des fumées industrielles qui intègrent du dioxyde de carbone à valoriser, mais aussi des effluents gazeux à traiter pour qu’ils ne polluent pas l’atmosphère. Prochaine marche sur le point d’être franchie : le recours à un bassin de 160 m².

Cohérence territoriale

Antérieure à la création de l’association il y a deux ans, cette démarche peut difficilement être estampillée Piicto. La structure est néanmoins essentielle pour créer et faire vivre la dynamique, pour renforcer l’attractivité de la plateforme industrielle, pour fédérer les pôles de compétitivités ou des financeurs. D’autres projets sont d’ailleurs menés de front. L’écologie industrielle commence souvent par une évaluation des matières entrantes et sortantes sur un site. Et à Fos-sur-Mer, ce travail a poussé deux industriels à se pencher sur le possible recyclage des milliers de tonnes de boues de décabornatation produites localement chaque année. Un réseau de vapeur est par ailleurs à l’étude pour valoriser la chaleur fatale de deux incinérateurs et approvisionner de grands consommateurs comme Kem One ou Asco Industries.

Cap sur l’hydrogène

"Nous sommes devenus un territoire d’expérimentation pour la transition énergétique", se félicite enfin Nicolas Mat. Outre Vasco, la zone portuaire accueille d’autres démarches innovantes comme le projet Flowbox qui réunit plusieurs partenaires autour d’Areva pour développer une batterie de stockage d’électricité à base d'acide bromhydrique et d'hydrogène (power-to-power). Ou comme le démonstrateur Jupiter 1000 de GRTgaz qui entend quant à lui transformer les électrons produits par les quatre éoliennes de CNR en méthane (power-to-gas). Cela nécessite deux étapes : l’électrolyse de l’eau qui permet d’obtenir de l’hydrogène puis la méthanation qui en ajoutant du CO2 génère le gaz dont a besoin l’opérateur pour approvisionner son réseau. Mise en service attendue en 2018.

 

 

Les derniers produits des risques professionnels

Réagissez en laissant votre commentaire !