Cultiver le vivant, pas le risque Bioréacteurs

De nombreuses entreprises appartenant au secteur de la santé, à celui de l'industrie, de l'agroalimentaire ou de l'environnement, mettent à profit le métabolisme des cellules vivantes dans leurs techniques de production.

Les bioréacteurs occupent une place centrale dans ces procédés car c'est en leur sein que les micro-organismes se multiplient. Les risques auxquels peuvent être exposés les salariés qui travaillent sur ces appareillages sont des plus variés.

Sous le terme générique de bioréacteurs, sont rassemblés des dispositifs de tailles et de conceptions différentes que l'on peut définir comme des enceintes closes dans lesquelles sont cultivées des cellules vivantes. Bactéries, virus, champignons, micro-algues, levures, ou mêmes cellules animales ou humaines s'y multiplient soit pour être eux-mêmes récoltés, soit pour leur production de molécules d'intérêts. En France, selon l'OCDE, les entreprises de biotechnologie emploient environ 250 000 personnes et l'Hexagone occupe le troisième rang mondial, comptant plus de 2 000 entreprises effectuant de la recherche et développement dans ce domaine. Le développement continu des connaissances en microbiologie allié à l'évolution de plus en plus rapide des biotechnologies devrait encore augmenter le nombre des entreprises qui ont recours aux bioréacteurs.

Des risques de natures très différentes

La diversité des cellules vivantes cultivées, ainsi que celle des bioréacteurs et des domaines d'activité concernés (santé, industrie, agriculture, agroalimentaire et environnement), entraînent l'apparition de risques de natures très différentes pour les salariés. Les sociétés qui se servent de micro-organismes pathogènes pour l'homme sont concernées en premier lieu par les risques biologiques. Il est donc impératif que les caractéristiques de la souche cultivée soient parfaitement connues, tant du point de vue de la production que de la santé des personnes. Dans cette optique, regrouper les informations utiles liées à chaque agent biologique manipulé sur des « fiches agent biologique », est une première étape nécessaire. Ensemencement, vidange, prélèvements de contrôle, opérations de maintenance ou de nettoyage... Toutes tâches entraînant de potentielles expositions de salariés à des micro-organismes doivent être clairement identifiées afin de pouvoir mettre en place, pour chacune d'entre elles, des mesures de préventions collectives et individuelles adaptées.

Second risque présent, celui induit par les produits chimiques. Les milieux de culture en contiennent et le pilotage des bioréacteurs nécessite l'ajustement de certains paramètres par l'ajout de bases, d'acide ou de dioxyde de carbone (CO2), par exemple. Le nettoyage et la désinfection des équipements sont également générateurs de risques chimiques pour les employés. Enfin, le métabolisme des cellules en culture peut générer de nombreux composés dangereux pour la santé. Là encore, des dispositions doivent être prises au cas par cas, selon la nature des produits chimiques et du type d'exposition.

Les gaz introduits ou libérés dans le bioréacteur peuvent s'accumuler et ainsi créer des atmosphères appauvries en oxygène. Cela entraîne des risques d'asphyxie, particulièrement prégnants quand les opérateurs doivent pénétrer dans les bioréacteurs pour les nettoyer, comme c'est le cas lors de toute intervention en espace confiné. Celles-ci doivent impérativement faire l'objet d'une préparation rigoureuse. Certains des gaz présents étant combustibles, les installations sont soumises à la réglementation Atex, pour atmosphères explosives, qui définit six catégories de zones au sein desquelles l'utilisation de certains appareils est interdite et où les activités sont restreintes à celles qui ne peuvent en aucun cas déclencher d'inflammation.

Les risques mécaniques sont aussi présents, certaines pièces des bioréacteurs pouvant entraîner heurts, coupures ou autres écrasements. Tout comme les risques physiques, puisque ces installations peuvent également engendrer des brûlures par contact, des chocs électriques, des chutes, des projections de liquides ou de gaz sous pressions... L'achat d'un bioréacteur, doit donc s'inscrire dans une démarche globale qui prend en compte son utilisation, son implantation, son entretien et propose des solutions de prévention s'appuyant sur la directive « Machines » (2006/42/CE).

Pour être complet, à ces risques il convient d'ajouter ceux liés au bruit, émanant de la tuyauterie par exemple, ainsi que ceux découlant du travail en horaires atypiques. En effet, les cellules, étant des êtres vivants, elles se développent en permanence et nécessitent une surveillance continue.

Bien connaître son installation

Face à ce large spectre de risques, il n'existe pas une façon unique d'agir en prévention. La connaissance précise de son installation, de son process et des micro-organismes est la condition sine qua non pour que l'entreprise puisse mener à bien une évaluation des risques pertinente, base sur laquelle elle pourra bâtir une politique de prévention spécifique et efficace autour de ses bioréacteurs.

Pour aller plus loin :

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Afin de compléter les sources pour aller plus loin, un ouvrage rédigé par vingt-huit auteurs français et étrangers, tous spécialistes dans leur domaine de compétence relevant de la sécurité et de la sûreté biologiques : manuel de Sécurité et Sûreté Biologiques édité par la Société Française de Microbiologie
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