Vibrations : Attention à la main et au bras

Près de 2 millions de travailleurs seraient régulièrement exposés aux vibrations transmises aux membres supérieurs, notamment générées par certaines machines portatives ou guidées à la main.

Ces vibrations peuvent être responsables de lésions graves et irréversibles. Certaines pathologies liées aux vibrations sont reconnues comme maladies professionnelles depuis plus de 30 ans. Pour autant, l'exposition à ces vibrations n'est pas une fatalité. Ces dernières années, des outils ont été mis en place pour faciliter l'évaluation des risques. Les solutions de prévention, quant à elles, existent.

En France, 11 % des salariés seraient exposés régulièrement aux vibrations transmises à la main et au bras. Des secteurs professionnels extrêmement variés sont concernés, comme le bâtiment, la construction automobile, la fonderie, l'industrie métallurgique, les carrières ou encore la foresterie. Ces vibrations peuvent être générées par des machines ou outils énergisés tenus ou guidés avec la main (brise-béton, clés à choc, meuleuses, débroussailleuses...). Parfois, elles sont transmises par la pièce travaillée lorsque celle-ci est tenue à la main (touret à meuler par exemple). Certains outils manuels (marteaux, masse, pioches) peuvent également transmettre des vibrations au moment de la frappe.

Sur le long terme, l'exposition régulière à des niveaux élevés de vibrations transmises aux membres supérieurs peut avoir des conséquences graves pour la santé. Des lésions irréversibles sont susceptibles d'apparaître, avec une aggravation potentielle, y compris une fois que l'opérateur a été soustrait à l'exposition. L'utilisation de machines rotatives (meuleuses, ponceuses...) ou l'utilisation de machines percutantes (brise-béton, burineurs...) peuvent entrainer des troubles vasculaires (syndrome de Raynaud) et/ou une diminution de la sensibilité des doigts, ou encore des problèmes des articulations du poignet et du coude. Les affections vasculaires, neurologiques et ostéoarticulaires liées à l'exposition aux vibrations émises par les machines ou les pièces tenues à la main sont reconnues comme maladies professionnelles au titre des tableaux n° 69 du régime général de la Sécurité sociale et n° 29 du régime agricole.

Une évaluation du risque plus simple

Le Code du travail (articles R.4441-1 à R.4445-6) impose à l'employeur d'évaluer les niveaux de vibration auxquels les salariés sont exposés. C'est-à-dire d'identifier les sources (les machines vibrantes et leurs conditions d'utilisation), d'estimer l'exposition vibratoire journalière des salariés concernés (et si nécessaire la mesurer) et de la comparer aux valeurs d'action et limite fixées par la réglementation. En cas de dépassement de la valeur d'action de prévention, fixée à 2,5 m/s2 sur 8 heures, des mesures techniques et organisationnelles visant à réduire l'exposition doivent être mise en place. Au-delà de la valeur limite d'exposition, fixée à 5 m/s2 sur 8 heures, des dispositions doivent être prises pour ramener l'exposition à un niveau inférieur. Cette évaluation du risque vibratoire, qui peut nécessiter des mesures parfois complexes, doit être réalisée par du personnel compétent.

Ces dernières années, dans le cadre d'un partenariat entre les Centres de mesures physiques des Carsat (CMP) et l'INRS, les préventeurs ont travaillé à la mise en place de l'application « Osev main-bras ». Cet outil simplifié d'évaluation des risques permet une estimation de l'exposition vibratoire journalière pour chaque opérateur, et ce même s'il utilise plusieurs machines portatives au cours de sa journée de travail. Ainsi, un non spécialiste peut voir facilement, en y consacrant peu de temps, si les machines utilisées engendrent des doses vibratoires importantes ou pas. Il peut estimer la situation vibratoire et demander, si besoin, la réalisation de mesures, en se tournant, par exemple, vers les agents des CMP ou les intervenants en prévention des risques professionnels qui y ont été formés. À noter que bien que la Directive « machines » 2006/42/CE impose aux fabricants, importateurs et fournisseurs de machines de faire figurer les valeurs d'émission vibratoire transmise aux membres supérieurs dans leurs brochures techniques, ces valeurs déclarées, obtenues suivant un code d'essais normalisé, sont trompeuses et ne doivent pas être utilisées pour estimer l'exposition journalière en condition réelle.

Des outils adaptés et en bon état

En matière de prévention, d'importantes avancées ont eu lieu, notamment après la Directive « machines ». Les fabricants ont fait des efforts pour concevoir des machines moins vibrantes, mais également plus légères et faciles à manipuler. Le choix de la machine, le fait qu'elle soit adaptée à la tâche et son entretien régulier sont essentiels. Des dispositifs d'aide à la manutention ont par ailleurs été développés pour supporter les machines les plus lourdes. La réduction des durées des expositions est également un élément important et reste dans tous les cas un objectif à poursuivre. Tout comme la protection des salariés contre le froid, qui peut favoriser la survenue de certains syndromes. Enfin, il faut rappeler que le volet formation est essentiel dans la démarche de prévention.

Pénibilité

Depuis le 1er juillet 2016, les vibrations mécaniques font partie des facteurs de risques professionnels que les employeurs doivent prendre en compte pour évaluer la pénibilité à laquelle peuvent être exposés les salariés. Les vibrations sont reconnues comme facteur de pénibilité au travail si l'exposition quotidienne (8 heures par jour) dépasse 2,5 m/s2 pour les vibrations transmises aux membres supérieurs durant 450 heures par an.

Les derniers produits des risques professionnels

Réagissez en laissant votre commentaire !