Travail dominical et horaires atypiques

Quels risques pour la santé ? Quelles mesures de prévention adopter ?

Depuis quelques semaines, le débat sur le travail le dimanche a été relancé, notamment par la grande distribution. Or, si le travail dominical n’est pas, en lui-même, porteurs de risques pour la santé, il est souvent associé à des horaires atypiques ou décalés qui, eux, sont souvent porteurs de risques spécifiques. Voilà pourquoi la progression du travail dominical doit inciter à rappeler les mesures de prévention qui doivent être associées à ces nouvelles façons d'envisager le temps consacré au travail.

En raison de l'évolution de nos modes de vies, le repos dominical n'est plus sacré, si bien qu'un nombre croissant de Français travaille désormais le dimanche.

8,2 millions de travailleurs dominicaux

Selon une récente étude de la Dares du ministère du Travail, en 2011, quelque 8,2 millions de Français ont travaillé le dimanche de façon habituelle ou occasionnelle dont 6,5 millions de salariés. Parmi l'ensemble des salariés, 29 % travaillent le dimanche : 16 % de façon occasionnelle et 13 % de façon habituelle.

En soi, il n'y a pas là de quoi inquiéter les professionnels de la prévention, le travail le week-end ne présentant, en lui-même, aucun risque spécifique. En effet, l'adaptation à celui-ci dépend de la façon dont il est envisagé par les travailleurs. Or, comme le rappelle l'INRS, “les avis sont divergents. Une grande disponibilité en semaine sera vécue par les uns comme positive, ‘pour s'occuper des enfants et de la maison ou les économies de frais de garderie des enfants en bas âge’, par les autres de façon négative car ‘se trouvant en déphasage avec les autres membres de la famille ou les relations amicales’.

D'où la nécessité de maintenir le caractère volontaire du travail dominical et de permettre aux salariés de revenir sur leur choix pour faire face à de nouvelles aspirations d'ordre privé.

Du travail dominical... aux horaires atypiques

Est-ce à dire que la progression du travail dominical est neutre en termes de risques professionnels ? Hélas non ! Car, comme le relève l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), “le travail du dimanche va presque toujours de pair avec celui du samedi, et souvent avec des horaires tardifs ou variables d’une semaine à l’autre”.

Or, les effets sur la santé des “horaires atypiques” (travail de nuit, travail posté selon le rythme 3x8 ou 2x12) sont, eux, bien réels et bien identifiés.

Comme le rappelle l'INRS, les changements d’horaire peuvent perturber le rythme biologique et provoquer des troubles du sommeil qui, lorsqu’ils deviennent chroniques, entraînent une baisse de vigilance qui peut être source d’accident. Si bien qu’“un risque 40 % supérieur d’accidents sans arrêt de travail est lié à l’absence de 48 h de repos hebdomadaire”.

De même, les horaires atypiques favorisent l’apparition de certaines maladies (troubles digestifs, stress, syndromes dépressifs, maladies cardiovasculaires) et contribuent à “l’usure prématurée des salariés” , raison pour laquelle, ils font désormais officiellement partie des facteurs de pénibilité que doivent recenser les employeurs.

Nécessaire réévaluation des risques professionnels

Pour l'INRS, les horaires atypiques vont donc nécessairement de pair avec des mesures de prévention spécifiques. “L'employeur doit procéder à une évaluation des risques liés aux postes concernés et s’assurer que les mesures de prévention déjà en place restent adaptées pendant les horaires atypiques”. Une façon de dire que la modification des horaires de travail doit entraîner une mise à jour du document unique d'évaluation des risques et être envisagée avec prudence car ses effets sont loin d'être anodins.

Pour aller plus loin : “Ce que l'on sait du travail dominical en France”, note d'actualité de l'Anact consultable sur www.anact.fr ; “Horaires atypiques de travail", fiche de l'INRS, librement téléchargeable sur www.inrs.fr.

Réduire les effets négatifs des horaires atypiques

Pour atténuer les effets négatifs du travail en horaires atypiques, l'INRS propose les mesures suivantes :

  • Permettre aux salariés d’anticiper leur planning.
  • Prévoir des marges de manœuvre pour les échanges d’horaires entre salariés.
  • Faciliter l’articulation des temps de travail avec l’exercice des responsabilités familiales et sociales
  • S’assurer que les horaires de poste (début et fin) sont compatibles avec les horaires de transport en commun.
  • Rendre possible le retour en horaires classiques.
  • Organiser les temps de pause, surtout pendant le travail de nuit
  • Être attentif à rompre l’isolement des salariés concernés et la monotonie des tâches qui leur sont confiées.
  • En cas de rotation des postes, prévoir du temps pour les transmissions d’une équipe à l’autre.
  • Être attentif aux ambiances physiques de travail telles que la température et la lumière.
  • Informer les salariés des effets du travail en horaires atypiques.
  • Organiser le suivi des indicateurs concernant la santé des travailleurs, l’ambiance de travail et l’absentéisme.

Auteur : La rédaction de Point Org Sécurité

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