Pour une approche globale du maintien dans l'emploi

Classé dans la catégorie : Général

Spécialisée dans la fabrication de matériel d'éclairage public et industriel, cette entreprise est confrontée à des problèmes de santé sur ses lignes de montage. Pour prévenir durablement ce problème, elle élargir sa vision trop technique du travail et engage une formation/action.

Cas d'entreprise

Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication de matériel d’éclairage public et industriel. Elle regroupe 3 activités principales : l’usinage, la peinture et le montage des appareils. 8 salariés des lignes de montage sont aujourd’hui en situation de handicap. Certains, peu nombreux, ont été reclassés sur des postes spécifiques dans l’atelier.

Demande de l'entreprise

L’entreprise souhaite faire évoluer les conditions de travail afin d’éviter une recrudescence des problèmes de santé pour les salariés sur les lignes de montage. Les objectifs sont multiples : rendre accessible ces postes pour permettre aux travailleurs handicapés ou en restrictions d’aptitudes de réintégrer le processus de production ; favoriser leur parcours professionnel et redonner de la souplesse à l’organisation du travail ; engager une réflexion de prévention durable pour les autres salariés. La démarche s’inscrit dans un projet régional de partenariat avec l’AGEFIPH Centre.

Démarche

Mesurer les points forts et les points faibles de l'entreprise pour étudier la faisabilité d’une démarche globale de maintien collectif. C'est tout l'enjeu de la démarche. Du côté des points, forts, l’entreprise est très active en matière de sécurité (implication des acteurs, investissements), mais cet aspect reste traité à un niveau technique. Le management est basé sur un modèle participatif (autonomie, responsabilité), plutôt favorable pour la santé des salariés, avec à la clé une réduction des accidents du travail, des maladies professionnelles et des arrêts induits). Une étude d’opinion interne montre une perception mitigée quant à la charge de travail et au niveau de stress. Elle rejoint le point de vue du CHSCT et du médecin du travail qui évoquent des situations de tensions liées à des procédures lourdes favorisant le sentiment de contrôle permanent, et aux délais courts de production qui donnent l’impression de travailler dans l’urgence. En effet, la spécificité des matériels fabriqués fait que les stocks de produits finis sont réduits et les séries très courtes : 80 % des commandes représentent moins de 10 appareils. Des changements de production s'opèrent donc souvent plusieurs fois par jour. Face aux délais très courts, certains salariés ont parfois le sentiment d'être débordés. De plus, les pièces de base sont très nombreuses : un produit basique est composé d’environ 25 pièces. Les activités sont essentiellement manuelles (collage, vissage) et sollicitent les mêmes gestes de façon répétée. Les produits finis sont parfois très volumineux et lourds, jusqu’à 18 kg pour les plus gros. La polyvalence reste faible du fait des restrictions d’aptitudes physiques, de l'habilitation électrique requise sur certains postes, et de la réticence de certains salariés. L’entreprise souffre d’un manque de communication, tant sur les nouveaux produits industrialisés que sur les actions réalisées. Du coup les salariés n’ont pas vraiment la connaissance des apports réalisés ou le sentiment d’être impliqués dans le processus d’amélioration. Les actions de l’entreprise se sont surtout centrées sur des aménagements techniques pour des postes adaptés (systèmes d’inclinaison et hauteur variable, accès aux composants et outils facilités, tapis anti-fatigue) et ce, en lien avec les salariés. Pour autant, cela ne suffit pas puisque des problèmes de santé persistent. Il faut compléter les dispositifs en intégrant des éléments plus organisationnels et stratégiques en termes d’approche de ressources humaines. Il est proposé de poursuivre la démarche de maintien collectif par une formation/action avec un cabinet d’ergonomie, prenant appui sur les postes de travail du personnel en situation de handicap mais aussi sur des postes d’avenir pour l’entreprise. C'est sur eux qu'elle pourrait, moyennant adaptation, réintégrer des salariés handicapés ou en restrictions d’aptitudes.

Bilan

La formation s’est étalée sur 6 mois, et a permis de former deux groupes de 4 personnes, chacun responsable d’une situation de travail donnée. Avec des temps d’apports de connaissance en salle et des temps de mise en situation, la formation/action est une approche très pragmatique de l’ergonomie et du maintien en emploi. Elle vise à changer les représentations en prenant en compte les facteurs organisationnels et psychosociaux qui influent sur le travail et la santé. L’entreprise, qui avait une approche très technique des situations de travail, a acquis une vision complémentaire de sa gestion et de son organisation. Cela lui a permis d’enrichir ses solutions et ainsi, de reclasser et maintenir des salariés en poste.

Pour plus d'information sur cette expérience, vous pouvez contacter : Cécile BOISSON-SPYCHALA, chargé(e) de mission, ANACT

Source : ANACT

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