Les premiers indicateurs opérationnels sur le stress

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Le groupe d'experts missionné par le gouvernement pour bâtir des indicateurs sur le stress a mis en ligne un pré-rapport. Il propose 40 indicateurs, opérationnels, autour des 6 dimensions des risques psychosociaux permettant d'entamer un travail de mesure dans l'entreprise.

Afin de pouvoir dresser un état des lieux des risques psycho-sociaux (RPS) au travail, un collège d'expert a élaboré une liste d'indicateurs immédiatement disponibles. Ils permettent déjà une bonne approche opérationnelle du sujet et doivent donner lieu, après approfondissement à des indicateurs officiels. Ils se présentent sous forme de questions dont les acteurs peuvent d'ores et déjà s'inspirer pour mener des enquêtes au sein de leur entreprise.

Des indicateurs introduits dès 2010

Les questions types associées aux 40 indicateurs provisoires vont être intégrées dans la seconde vague de l'enquête Santé itinéraires professionnels (SIP) dès 2010. Les données statistiques qui en seront issues devraient pouvoir aboutir fin 2011 à des indicateurs plus synthétiques.

Des sources diverses

Pour créer les indicateurs, les experts se sont appuyés sur des concepts ou des modèles déjà développés tel que le questionnaire de Karasek, les travaux de Siegrist et sur les études nationales reconnues comme l'enquête Sumer, l'enquête SIP et d'autres travaux sur les conditions de travail menés par la Dares ou Eurofound. Le document relate par ailleurs les différents résultats obtenus permettant une assez bonne vue d'ensemble des RPS chez les actifs français.

Six axes d'études pour les RPS

A ce jour, les experts ont donc retenu six dimensions de risques à caractère psychosocial :

  • les exigences du travail
  • la charge émotionnelle
  • l'autonomie et les marges de manoeuvre
  • les rapports sociaux et relations de travail
  • les conflits de valeur
  • l'insécurité socio-économique

Les 7 indicateurs des exigences du travail

Les exigences du travail sont évaluées à travers 7 indicateurs mesurant respectivement le ressenti de la quantité de travail, la pression temporelle (adéquation temps / charge de travail, travail hâché, sentiment d'urgence), la complexité des tâches et la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.

Les 5 indicateurs des exigences émotionnelles

Cette notion concerne l'implication subjective nécessaire pour accomplir un travail et son retentissement sur l'équilibre de la personne. Ainsi, une mobilisation des émotions trop importante peut mener à un épuisement émotionnel (courant chez les infirmières par exemple) ou à une facticité des émotions qui peut devenir automatique et donner le sentiment d'être inauthentique aussi avec ses proches. Les indicateurs retenus quantifient cette relation (relation au public), la qualifie (empathie, contact avec la souffrance ou tensions avec le public), évalue son authenticité (devoir cacher ses émotions) et mesure le degré d'appréhension lié au travail (peur au travail).

Les 7 indicateurs de l'autonomie

Définit par Karasek à la fin des années 1970, la latitude décisionnelle se décompose en autonomie décisionnelle et utilisation des compétences. Les experts ont prévus 7 indicateurs pour la mesurer : l'autonomie procédurale (choisir soi-même comment faire son travail), la prévisibilité du travail, l'utilisation et le développement des compétences (possiblité d'apprendre de nouvelles choses, d'employer ses compétences, répétitivité des tâches etc..) et enfin la participation, représentation (c'est-à-dire l'implication possible des salariés dans les changements organisationnels).

Les 13 indicateurs des rapports sociaux

Pour mesurer les différentes facettes des rapports sociaux au travail, 13 indicateurs sont proposés couvrant les 4 notions clés de cet aspect : le soutien social de la part des autres salariés et de la hiérarchie, la violence au travail (allant du déni de la qualité du travail au harcèlement), la reconnaissance des efforts (mesurant le sentiment d'inutilité, la juste valeur) et le "leadership" (qui concerne le manque de clarté des directives ou les ordres contradictoires).

Les 2 indicateurs des conflits de valeurs

Ils ont pour objectif de mesurer la souffrance éthique. Peu prise en compte jusqu'à présent dans les études françaises, cette dimension a été décomposée en deux indicateurs : faire des choses qu'on désapprouve (vente abusive, licenciement etc.), avoir les moyens de faire un travail de qualité.

Les 3 indicateurs liés à la sécurité de l'emploi

Cette dimension ne prend pas seulement en compte la peur de la perte de l'emploi mais aussi la dégradation de sa nature ou l'insécurité liée à une situation future inconnue. Les trois indicateurs choisis reprennent donc ces différents aspects : sécurité de l'emploi et du salaire liée à la perte de l'emploi, nécessité de reconversion, et capacité à pouvoir assurer (physiquement ou mentalement) le même métier toute sa vie.

Documents joints : Rapport sur les indicateurs de RPS

 

Auteur : Par Sophie Hoguin, actuEL-HSE

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