RISQUES PSYCHOSOCIAUX Avant tout une question de reconnaissance ?

Depuis les suicides de salariés qui ont endeuillé plusieurs grandes entreprises, les risques psychosociaux, à commencer par le stress, ont fait une entrée fracassante dans l’univers de la prévention des risques professionnels.

La récente enquête Samotrace réalisée par l’Institut national de veille sanitaire (voir Altersécurité n°39 de février 2009) confirme l’importance du phénomène : près d’une femme sur trois et un homme sur quatre avouent un mal-être profond au travail.

Les graves dégâts du manque de reconnaissance

Outre les précieuses indications qu’elle apporte sur les secteurs et les professions les plus exposées, cette vaste enquête met également en évidence un point souligné par le quotidien économique Les Échos dans son édition du 17 février dernier : “le déséquilibre entre efforts et récompenses est au coeur de la souffrance au travail”. Les données recueillies ne laissent guère de place au doute. “Les femmes qui ressentent un décalage entre leur investissement et les gratifications obtenues sont trois fois plus nombreuses que les autres à déclarer un trouble psychique. Pour les hommes, c’est 2,5 fois plus…”

Cette observation tend à confirmer que les nouveaux modes de management jouent bien un rôle central dans la progression de la souffrance au travail. Secrétaire nationale de la CFDT-Cadres, Monique Boutrand pointe la dépersonnalisation qui affecte de larges franges de salariés. “Le travail et son contenu ne sont plus au coeur des préoccupations de la hiérarchie qui ne s'intéresse qu'aux résultats. Les cadres passent donc leur temps à faire du ‘reporting’, sous forme de nombreux tableaux de bord à renseigner, qui s'agrègent avec d'autres. Cela dématérialise l'apport de chacun, au point que certains nous ont dit : ‘Est-ce que quelqu'un sait encore que j'existe ?’ La reconnaissance, cela passe d'abord par des mots et des relations de travail personnalisées.”

Réapprendre à dire “merci” ou “bravo” !

Les DRH en sont bien conscients. Les Échos rapportent que pour 82 % des membres de l’Association nationale des directeurs et responsables des ressources humaines (ANDRH), “développer une vraie politique de reconnaissance au travail” permet de combattre le stress. Si bien que 72 % d’entre eux ont revalorisé des pratiques aussi évidentes que “les félicitations pour le travail accompli” par mail, lettre ou contact direct. En effet, la reconnaissance ne saurait passer par les seules gratifications matérielles. Directeur du Laboratoire de psychologie du travail et de l’action au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), Christophe Dejours le souligne à juste titre : “En échange de leur contribution, les salariés attendent une juste rétribution, qui passe par des formes matérielles - salaire, prime, avancement. Mais celle-ci n’a de sens que si elle correspond à une reconnaissance symbolique et morale de la qualité de leur travail”.

Autrement dit, comme l’ont constaté les intervenants de Point-Org-Sécurité, la réduction des risques psychosociaux ne saurait passer par la seule révision des modes d’organisation et de production. Elle passe aussi par une restauration de rapports humains, cordiaux, francs et directs. Il est urgent de réhabiliter dans l’entreprise les mots simples bien connus des patrons de PME tels que “merci” ou “bravo”. Ils ne sont pas moins importants que ceux de “rentabilité”, de “performance”. Mieux : ils contribuent fortement à ce que les seconds ne restent pas de vains mots !

Source : altersécurité infos

Les derniers produits des risques professionnels

Réagissez en laissant votre commentaire !