En matière d’égalité, la lutte contre l’invisibilité de l’exposition aux risques professionnels des femmes est un point clef

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La loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes « dans toutes ses dimensions » sera abordée en séance publique au Sénat, en 2e lecture, ce 17 avril

Une loi dont le titre premier est consacré à la vie professionnelle. Focus sur les questions d’égalité professionnelle avec Florence Chappert, Responsable du projet « Genre, santé et conditions de travail » de l’Anact.

Florence Chappert, vous êtes spécialiste des questions d’égalité professionnelle de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Sous quel angle abordez-vous aujourd’hui cette question ?

Traditionnellement, les entreprises abordent la question à travers celles des inégalités de salaires, de carrières, de parcours… des questions d’emploi, d’une manière générale. L’Anact a choisi de se concentrer sur le travail et les inégalités de santé au travail, une approche construite autour de quatre axes : organisation, conditions, temps de travail et parcours. Ce que nous prônons à travers ces axes d’analyse, c’est une approche organisationnelle pour prévenir les inégalités ; il faut remonter à la répartition sexuée des postes, aux conditions de travail des postes, à l’organisation du temps de travail, aux critères de gestion des parcours. Cette approche organisationnelle de l’égalité est très peu mise en œuvre dans les entreprises, qui restent le plus souvent sur des approches curatives pour corriger la discrimination directe ; c’est l’exemple des enveloppes de rattrapage des salaires.

À travers cette grille d’analyse, qu’avez-vous pu observer ?

Les enseignements sont à plusieurs niveaux. Nous « chaussons les lunettes du genre » pour montrer qu’une partie de la population est pénalisée par les critères d’organisation et de gestion utilisés aujourd’hui. Ils ne permettent pas à tous les salariés d’accéder aux mêmes situations de travail. Ainsi, selon qu’on est une femme ou un homme, les expositions aux risques et aux pénibilités sont différentes et sont mieux reconnues dans les secteurs où les emplois sont à prédominance masculine. On constate une invisibilité de l’exposition aux risques des femmes dans leurs emplois. Ensuite, les possibilités de parcours des hommes et des femmes ne sont pas les mêmes, pour des raisons liées aux secteurs – certains offrent peu de perspectives d’évolution professionnelle pour les femmes. C’est le cas, pour des raisons structurelles, dans le secteur des services à la personne mais aussi du BTP, quand les femmes qui arrivent sont perçues comme pouvant prendre la place des hommes. Il y a aussi les critères de gestion des ressources humaines ; quand ils favorisent la disponibilité, l’ancienneté, la mobilité, ils pénalisent plus les femmes que les hommes. Le dernier point, c’est la durée du travail, qui n’est pas la même. Les femmes travaillent davantage à temps partiel, avec des horaires de travail atypiques différents de ceux des hommes. La répartition sexuée des tâches hors travail influe aussi sur ce point. Lire la suite de l'interview...

Propos recueillis par Valérie Ravinet pour le MIDACT.

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