Économie circulaire, la prévention entre dans la boucle

L'économie circulaire consiste à optimiser l'utilisation des ressources naturelles et diminuer l'impact des cycles de vie des produits sur l'environnement. Ce système d'échange et de production, qui concerne tous les secteurs d'activité et les met en lien, devrait entraîner des changements profonds dans le travail, son environnement et son organisation. Pour les entreprises qui entrent dans ce cercle vertueux, cela constitue une opportunité d'intégrer la prévention des risques professionnels très en amont et d'améliorer la protection de la santé et la sécurité des travailleurs.

Fabriquer un bien de consommation à partir de matières premières dont la disponibilité n'est pas illimitée, le consommer puis le jeter. Ce système de production et de consommation, linéaire, largement dominant dans les pays riches, tend à se développer partout dans le monde. Il impacte fortement l'environnement, notamment en épuisant les ressources naturelles : minerais, énergies fossiles, sols... L'humanité consomme actuellement 1,7 fois les ressources renouvelables que la planète est capable de produire. Il devient urgent d'envisager des modes de production et de consommation moins délétères pour l'environnement.

L'économie circulaire est un modèle économique qui a pour ambition d'augmenter l'efficacité de l'utilisation des ressources et de diminuer l'impact sur l'environnement des produits à tous les stades du cycle de leur vie, que ceux-ci soient des biens ou des services. Il s'applique sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Tous les secteurs sont donc concernés. L'économie circulaire va au-delà du recyclage qui, à lui seul, ne suffit pas à répondre à nos besoins actuels en matières premières.

Approvisionnement durable, écoconception, écologie industrielle et territoriale, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, et, enfin, allongement de la durée d'usage et recyclage constituent les sept piliers sur lesquels repose ce système économique. Et autant de points d'entrée dans ce cercle vertueux pour les entreprises. Des structures de toutes tailles ont déjà opéré une mutation en ce sens. De plus en plus, l'économie circulaire est aujourd'hui intégrée dans les stratégies des territoires, de l'État et de l'Europe.

Vers un modèle partenarial

Quels sont et seront les impacts de ces changements sur la santé et la sécurité des salariés ? La transition vers une économie circulaire et l'amélioration des conditions de travail ne sont pas incompatibles, mais ce lien n'est pas non plus automatique. Il convient donc d'être vigilant, comme lors de tout changement de process ou d'organisation de travail. Il est nécessaire d'identifier les risques professionnels au même titre que les opportunités pour la santé et la sécurité au travail afin d'intégrer la prévention le plus en amont possible des réflexions sur l'économie circulaire.

Ce modèle économique peut par exemple favoriser les partenariats entre entreprises, qui partagent des ressources en jouant sur les complémentarités de leurs activités. Cela peut être des échanges de matières premières et secondaires, les déchets ou les coproduits d'une entreprise devenant la matière première d'une autre. La traçabilité des produits apporte des éléments essentiels pour mieux cibler les mesures de prévention des risques professionnels mises en oeuvre. La nature et la composition de ces matières et ces objets, leur origine, les transformations qu'ils ont subies... permettent de préciser les risques biologiques, chimiques ou encore mécaniques auxquels sont exposés les salariés qui les manipulent et d'adapter les moyens de prévention.

L'économie circulaire induit par ailleurs de nouveaux besoins en logistique, donnant naissance à une nouvelle organisation des transports et de la logistique caractérisée par un mode de circulation des produits physiques, en « paquets » standardisés et routés via des hubs automatisés. Cette nouvelle organisation, dénommée « Internet physique », peut présenter des opportunités d'amélioration en santé au travail. La standardisation des contenants, l'automatisation du chargement, du déchargement et des flux de containers dans les hubs permettra de diminuer les risques liés à la manutention, au picking et au port de charges lourdes. De même, la création de ces hubs, géographiquement bien répartis, devrait permettre à tous les conducteurs de « rentrer chez eux chaque soir ». Les distances réduites améliorent ainsi leur qualité de vie.

Sept piliers pour boucler la boucle

  • L'approvisionnement durable : s'approvisionner en privilégiant des ressources renouvelables ou impactant le moins possible l'environnement.
  • L'écoconception : dès la conception d'un procédé, d'un bien ou d'un service, prendre en compte l'ensemble du cycle de vie (de l'extraction des matières aux déchets) en limitant les impacts environnementaux : diminuer la quantité de matière, allonger la durée de vie, faciliter la réparation, le recyclage ou le reconditionnement...
  • L'écologie industrielle et territoriale : s'organiser entre entreprises pour échanger des flux ou mutualiser des besoins.
  • L'économie de la fonctionnalité : privilégier l'usage à la possession et tendre à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes.
  • La consommation responsable : consommer en prenant en compte les impacts environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit.
  • L'allongement de la durée d'usage : recourir à la réparation, et favoriser le réemploi ou la réutilisation.
  • Le recyclage des déchets : utiliser les matières premières issues de déchets lors de la fabrication.

 

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