Prévenir et gérer les conduites addictives en milieu professionnel

Classé dans la catégorie : Général

Les conduites addictives sont diverses et variées, elles peuvent être liées à des substances ou comportementales. Dans le cadre professionnel, elles peuvent avoir un impact sur l’efficacité et/ou la sécurité au travail.

Définition

Dans un article paru en 1990, le psychiatre Aviel Goodman proposait comme définition de l'addiction : « un processus par lequel un comportement, qui peut fonctionner à la foi pour produire du plaisir et pour soulager un malaise intérieur, est utilisé sous un mode caractérisé par l'échec répété dans le contrôle de ce comportement et la persistance de ce comportement en dépit des conséquences négatives significatives ».

Dans les drogues, on retrouve les substances psychoactives comme l’alcool, le tabac et toutes les substances illicites.

Dans les addictions comportementales, on peut citer : les jeux (hasard, argent, vidéo…), les dépendances sexuelles et affectives, l’alimentaire, les achats compulsifs… et aussi le travail.

Il existe une liste de critères qui permettent de dépister une addiction. Elles sont basées sur la perte de contrôle, la recherche du plaisir procuré et l’isolement induit.

La vision sociale en fonction de l’addiction

La société façonne notre vision des choses, nous n’avons que très peu de réactions face à un fumeur, un peu plus face à un alcoolique, mais on accepte ; en revanche, ça se durcit quand ce sont des substances illicites. Chacun a ses limites d’acceptation en fonction de notre éducation et de notre vécu.

Les obligations de l’employeur

Comme pour tous les risques professionnels, le dirigeant est responsable de la santé et de la sécurité de ses collaborateurs. C’est une obligation de résultat et pas seulement de moyens. Donc cela passe par la prise en compte du risque dans le document unique et la mise en place de procédures.

Cas typique d’une mauvaise prise en charge

Je vais vous raconter une petite histoire : « Paulo rentre à 14h00 d’un repas bien arrosé. Son chef voit bien qu’il n’est pas en état de faire son travail correctement et lui dit, compréhensif, d’aller faire une petite sieste dans la salle de repos pour récupérer. Après deux heures de sieste, il est plus en forme et reprend son poste. Pas de remarque, pas de sanctions. Deux ou trois jours après, rebelote. Alors Alfred demande au chef s’il peut aller faire la sieste lui aussi, mais celui-ci lui répond qu’il n’a pas bu et qu’il est donc en état de travailler normalement. Ben oui, mais c’est pas juste, moi aussi je veux être payé pour faire la sieste, comme Paulo ! »

C’est typiquement ce qu’il ne faut pas faire. Cela banalise le comportement de Paulo, pas de mesure de prise pour la suite et génération d’une inégalité de traitement entre les salariés.

Concernant la personne addicte, il ne faut pas essayer de comprendre l’origine de l’addiction, c’est trop complexe. Et à force de vouloir régler les problèmes de l’autre, on l’empêche de prendre conscience de son problème et de le résoudre. C’est comme envoyer de force quelqu’un chez un psychologue, ça ne sert à rien.

Que faire ?

Tout d’abord, il faut être conscient qu’il n’y a pas besoin d’être dépendant pour se mettre, ou mettre les autres, en danger. Il faut rester professionnel et ne pas se focaliser sur les personnes accros, il suffit d’une fois : lire un message sur son téléphone en conduisant, avoir bu un verre de trop occasionnellement. Il ne faut donc pas attendre le dernier moment pour agir.

L’approche préconisée est de s’inquiéter pour la personne « En ce moment, tu ne travailles plus comme d’habitude, visiblement tu as des soucis. Si tu as besoin d’aide, on peut trouver une solution (interne ou externe). Tu as une (ou plus) semaine pour prendre une décision et mettre en place une action te permettant de résoudre ton problème. »

Puis, la semaine écoulée, « Alors, ça va mieux ? Tu as trouvé une solution à ton problème ? Tu fais quelque chose pour résoudre ce problème ? »

Si oui, « C’est bien, continue, et sache que tu peux compter sur moi pour t’aider si besoin ».

Si non, « Tu as pris la décision de ne rien faire, ton travail ne va pas s’améliorer, en plus tu risques de mettre en danger ta vie et/ou celle des autres si ça ne s’améliore pas, je vais être obligé d’en informer la direction qui ne manquera pas de te sanctionner ».

De même, si vous savez que quelqu’un a une addiction mais que c’est sans conséquence sur son travail, il ne faut rien faire, ce n’est pas votre problème ; en tout cas professionnellement parlant. Par exemple, personne ne s’occupe des fumeurs, pourtant ils sont drogués et tout le monde sait que c’est mauvais pour la santé…

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