Un salarié sur 10 s'estime très bien informé sur les risques

Les accidents et problèmes de santé en lien avec le travail concerneraient plus d’un salarié sur deux selon une étude réalisée par l’Ifop pour Securex.

Un peu plus s’ils sont ouvriers de TPE, un peu moins si leur entreprise leur donne de la visibilité sur la prévention des risques qu’elle met en place.

"Personnellement, avez-vous déjà connu au moins un accident ou problème de santé lié à votre activité professionnelle ?" L’ifop a récemment posé la question à un millier de salariés, pour le compte de Securex, cabinet de conseil spécialisé sur l’absentéisme et la prévention des risques professionnels. Plus d’un sur deux (59 %) a répondu par l’affirmative. Dans le détail, 31 % des sondés auraient déjà connu un accident avec dommages corporels sur leur lieu de travail ; 50 % disent avoir développé une affection en lien avec leur activité.

Prévention des risques et absences

Les chiffres sont éloquents. Il faut dire que l’étude ratisse large. Par "accident" ou "problème de santé" en lien avec le travail, elle entend : accidents avec arrêt de travail ou non, avec passage chez le médecin généraliste ou aux urgences, situations de mal-être et maladies professionnelles du type TMS. Toutefois, les incidents et presqu’accidents sont exclus. Pour François Delpierre, responsable du pôle formation et prévention de Securex, ces 59 % de réponses positives restent donc relativement fidèles à la réalité qu’il observe sur le terrain depuis une dizaine d’années. Même si pour lui, le taux d’absences liées à la prévention des risques professionnels est "peut-être plus représentatif du nombre de personnes concernées par le mal-être au travail ou par l’usure professionnelle" : 51 % .

Peu d'"accidents métiers" chez les cadres

La notion d’accident ou de problème de santé telle que la conçoit l’étude reste toutefois éclairante sur d’autres aspects. Elle permet par exemple de distinguer un écart entre cadres et opérationnels. Les premiers sont 36 % à déclarer avoir des problèmes de santé liés au travail, 21 % à avoir connu au moins un accident au travail. Chez les seconds, ces taux doublent. "Généralement, en termes d’accident du travail, la gravité est plus faible chez les cadres", poursuit François Delpierre. Ceci dit, tempère-t-il, "les cadres ont souvent l’habitude de reprendre plus vite le travail", ce qui biaise les indicateurs de fréquence évoqués plus haut. Une chose est sûre, si l’on se fie à la typologie des accidents et problèmes de santé des cadres et des opérationnels, il y a la encore un écart : "Chez les cadres, il s’agit rarement d’'accidents métiers', ils sont plutôt liés aux déplacements", détaille François Delpierre, qui formule une hypothèse. "Les managers ne sont pas les plus exposés. C'est peut-être parce que le sujet de la prévention des risques leur est lointain que le taux d’accidents ne redescend pas ?"

Le BTP plus performant que l’industrie

Le secteur le plus concerné par les accidents et les problèmes de santé liés au travail est l’industrie : 41 % de ses salariés mentionnent au moins un accident ou un problème de santé liés au travail. Devant le BTP (39 %), qui a pourtant le plus fort taux d’accidents mortels au travail. François Delpierre n’est "pas étonné" : "Le BTP travaille depuis longtemps sur le sujet", affirme-t-il. "C’est aujourd’hui le secteur le plus innovant en matière de prévention des risques : on propose par exemple des cours d’échauffement avant la prise de poste", poursuit-il. Loin derrière l’industrie – qui se tourne de plus en plus, elle aussi, vers ce type d’actions (voir notre article) – les services sont les moins concernés par les accidents et problèmes de santé liés au travail. 21 % des salariés du secteur se disent touchés. Une situation qui ne va pas durer, pressent François Delpierre. "À terme, je suis persuadé que les entreprises de services prendront la tête de classement", explique-t-il. "Il n’y a pas encore de vraie conscience et de connaissance de la situation en matière de prévention des risques. Mis à part un stylo qui saute dans l’oeil du salarié, ou une chute de son fauteuil, on ne voit pas bien ce qui peut lui arriver. Or la tendance est à l’augmentation."

10 % des salariés "très bien informés"

N’y a-t-il que le quart d’heure sécurité – surtout pratiqué dans le BTP et l’industrie – qui puisse enrayer le phénomène ? Pour François Delpierre, il y a en tout cas un rapport entre le taux d’accidents et/ou problèmes de santé dus au travail et le degré d’information des salariés sur le sujet. Selon l’étude, plus de la moitié (57 %) des travailleurs se déclarent bien informés sur les risques professionnels. Ce taux varie selon la taille de l’entreprise – plus elle est grande, plus les salariés s’estiment bien renseignés – et selon la catégorie socioprofessionnelle des sondés. Les cadres se déclarent bien informés (66 %), les professions intermédiaires un tout petit peu moins (63 %), tandis que les CSP- sont 52 % dans ce cas. Plus globalement maintenant, les salariés ne sont que 10 % à se dire "très bien informés" sur le sujet. Quelle différence ? Pour François Delpierre, être "très bien informé", cela signifie "avoir de la visibilité" sur les chiffres, les actions de prévention et plans d’action mis en oeuvre par son employeur, "c’est aller au delà du fait qu’il y a des règles et des consignes".

Une montée en compétence nécessaire

Faut-il voir là un manque de volonté de la part des managers ? Un manque de compétences selon François Delpierre. "Beaucoup de managers aimeraient voir leur taux d’accident baisser, mais ils ne maîtrisent pas le sujet, surtout dans les petites structures. On y trouve des dirigeants, qui doivent manager sur des sujets comme celui-ci, alors que cela leur est un peu abstrait", explique François Delpierre. Il en veut pour preuve les faibles taux de remplissage du document unique. Il nuance toutefois : "Aujourd’hui, l’information existe, mais peu de salariés se l’approprient, qu’ils soient beaucoup informés ou non. C’est dramatique, mais l’accident reste encore le meilleur moyen de sensibiliser les gens". L’étude montre que les salariés ayant développé des affections liées à leur travail seraient bien plus exigeants sur leur niveau d’information à ce sujet.

 

 

 

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