L’hypnose comme outil de lutte contre les risques psychosociaux

Classé dans la catégorie : Général

L’hypnose permettrait "d’aller puiser dans des ressources profondes, souvent méconnues", selon le psychologue Adrien Ménard.

Une méthode qui ne remplace pas la prévention mais peut être utile pour lutter, individuellement, contre les risques psychosociaux, une fois les troubles "déclarés".

Adrien Ménard est psychologue et hypnothérapeute. À l’Institut français d’hypnose, il forme des médecins du travail à cette pratique. Il est aussi consultant en entreprise sur le thème de la gestion du stress, du changement et des risques psychosociaux.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est réellement l’hypnose ?

Adrien Ménard : Loin de l’image d’Épinal encore véhiculée par les magiciens, l’hypnose dans le soin est une approche fondée sur le travail du patient via un état de conscience modifiée. En réalité, tout le monde fait de l’auto-hypnose sans le savoir : quand on conduit sa voiture machinalement sur un trajet connu et que "l’esprit est ailleurs", par exemple. Ces états de conscience modifiée permettent de mettre en relation le patient et le thérapeute d’une manière particulière. S’ouvre alors pour le patient la possibilité d’aller puiser dans des ressources profondes, souvent méconnues. L’objectif ? Retrouver un équilibre corps/esprit suffisamment solide pour affronter la situation qui "rend malade", qui fait souffrir.

Tout le monde est-il réceptif à l’hypnose ?

Adrien Ménard : Tous les humains sont réceptifs aux méthodes hypnotiques, mais nous ne sommes pas tous réceptifs à la même technique, c’est là qu’intervient le savoir-faire du thérapeute : trouver la méthode qui va fonctionner sur telle ou telle personne.

Dans le cadre de la gestion des risques psychosociaux, cela reste donc un outil strictement individuel ?

Adrien Ménard : Oui, l’hypnose s’appuie sur une approche individuelle. D’ailleurs, les formations que j’anime à l’Institut français d’hypnose (IFH) pour les intervenants en milieu du travail (médecins, psychologues, infirmiers du travail déjà formés à l’hypnose) sont clairement orientées sur le niveau tertiaire des risques psychosociaux : quand les troubles sont déjà déclarés et que la personne est en souffrance.

Quels types de pathologies liées au travail rencontrez-vous à votre cabinet ?

Adrien Ménard : Les situations les plus courantes sont les cas de harcèlement moral, d’épuisement professionnel allant jusqu’au burn-out. Les patients sont orientés par leur médecin traitant, parfois par le médecin du travail. On peut alors mettre en place une recherche de solution concrète qui s’inscrit directement dans le milieu du travail.

En cas de harcèlement moral, qu'apportent les hypnothérapies ?

Adrien Ménard : Bien souvent, le premier apport est celui d’une prise de conscience et d’une mise en mot de la situation. Ces situations sont très déstabilisantes pour la victime qui préfère souvent les nier. On peut ensuite travailler à la mise en place de techniques pratiques et réelles permettant de faire face et d’apprendre à se protéger.

Et dans les cas de burn-out ?

Adrien Ménard : Là, on pourrait dire que l’hypnose est totalement indiquée, car les burn-out sont des pathologies où le corps se rappelle de manière violente et autoritaire à la personne qui pensait encore réussir à gérer. Et l’hypnose est justement une approche psycho-corporelle qui va permettre au patient de retrouver son corps non pas comme un obstacle, mais comme un allié qui envoie des messages qu’il faut apprendre à décrypter.

Ensuite, concrètement, quelles sont les issues pour le patient dans le milieu du travail ?

Adrien Ménard : il n’y a aucune règle. Certains vont décider un changement de vie, d’autres opter pour un temps partiel, certains restent à leur poste et d’autres changent de secteur dans l’entreprise. Là encore, c’est une approche individuelle et la solution reste individuelle.

 

 

 

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