Halte aux mauvaises vibrations !

Vibrations transmises aux membres supérieurs.

Marteau-piqueur, pilonneuse, brise béton, perforateur, cloueur, burineur... Certaines machines portatives ou guidées à la main émettent des vibrations qui peuvent être à l'origine d'affections invalidantes au niveau des membres supérieurs. Cependant, des mesures de prévention permettent de réduire efficacement les risques.

L'utilisation de machines portatives tenues ou guidées à la main et certaines opérations nécessitant de tenir la pièce à la main (polissage…) peuvent exposer les salariés à des niveaux élevés de vibrations. Selon l'enquête Sumer 2003, 11 % des salariés seraient concernés, particulièrement dans les secteurs du bâtiment, de la construction mécanique, de la métallurgie et de l'entretien des espaces verts. Sur le long terme, l'exposition répétée aux vibrations peut favoriser l'apparition de pathologies des membres supérieurs. Les vibrations émises par les machines rotatives (meuleuses, tronçonneuses...) peuvent ainsi être responsables d'atteintes vasculaires (syndrome de Raynaud appelé communément maladie des doigts blancs ou des doigts morts) ou neurologiques (moindre sensation du toucher et de la perception du chaud et du froid, diminution de la préhension, perte de la dextérité manuelle). Les salariés qui utilisent régulièrement des machines percutantes (marteaux-piqueurs, perforateurs…) peuvent quant à eux développer des lésions ostéo-articulaires des coudes et des poignets (arthrose hyperostosante du coude, maladie de Kienbock au niveau du poignet…) Ces affections, invalidantes et parfois douloureuses, sont reconnues comme maladies professionnelles au titre des tableaux n° 69 du régime général et n° 29 du régime agricole. Elles peuvent en outre avoir des répercussions importantes sur la vie sociale et familiale des salariés atteints et rendre difficile des actes simples de la vie quotidienne (boutonner une chemise…) ou certaines activités de loisirs (conduite de moto, sports de plein-air).

Évaluer les risques

La probabilité de survenue de ces pathologies dépend de la dose de vibrations reçues par les salariés. Pour réduire les risques, la réglementation définit ainsi des valeurs limites d'exposition journalière. Pour les vibrations transmises aux mains et aux bras, le seuil déclenchant l'action de prévention, c'est-à-dire la valeur nécessitant la mise en oeuvre d'actions visant à réduire les expositions, est de 2,5 m/s2 pour 8 heures. La valeur limite, ne devant jamais être dépassée, est quant à elle fixée à 5 m/s2 pour 8 heures. Le Code du travail (articles R. 4441-1 à R. 4447-1) et la réalisation du document unique d'évaluation des risques professionnels imposent à l'employeur de prendre en compte le risque vibratoire. Il s'agit, d'une part, d'identifier les postes et les situations de travail concernés et, d'autre part, d'évaluer les niveaux d'exposition des salariés. Le mesurage de l'exposition vibratoire journalière peut s'avérer complexe mais une méthode simplifiée développée par l'INRS permet d'évaluer facilement les doses reçues par les opérateurs. Pour cela, les entreprises peuvent utiliser la calculette Excel, téléchargeable gratuitement sur le site internet de l'Institut.

Prévenir les risques

Si les valeurs d'exposition observées dépassent le seuil réglementaire déclenchant l'action, des mesures de prévention doivent être mises en œuvre. Les leviers d'action sont nombreux. Lors de l'acquisition de nouveaux matériels, il est souhaitable de choisir les machines les moins vibrantes : présence de système antivibratile, valeur d'émission vibratoire déclarée la moins élevée possible… Il faut également veiller au bon entretien des équipements : graisser les parties mécaniques, remplacer les pièces d'usure, affûter ou changer les outils coupants, vérifier et, si nécessaire, remplacer à l'identique les systèmes antivibratiles existants… Pour limiter les durées d'exposition, il est possible d'agir sur l'organisation du travail en mettant en place des rotations de postes ou intercalant des tâches non vibrantes dans l'emploi du temps des opérateurs, de modifier le process, d'aménager le poste de travail pour réduire les contraintes physiques ou posturales... Dans certains cas, le port d'équipement de protection individuelle peut également être recommandé. Attention cependant : les gants antivibratiles ne sont efficaces que lors de l'utilisation de machines rotatives dont la vitesse de rotation est supérieure à 10 000 tours/min. Ils ne protègent pas contre les vibrations émises par les appareils percutants (cadence de frappe moindre). Le port de gants contribue néanmoins à maintenir les mains au chaud, ce qui réduit les risques d'apparition de syndrome de Raynaud. Par ailleurs, les salariés exposés doivent être informés des risques et formés à l'utilisation des différentes machines et outils, notamment lorsqu'elles présentent des systèmes spécifiques de réduction des vibrations. Ils doivent de plus faire l'objet d'une surveillance médicale renforcée par les services de santé au travail.

Auteur : INRS.

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