L'efficacité des tapis antifatigue testée en entreprise

Un travail quotidien en position debout sur une chaîne (montage, emballage, tri...) en situation de piétinement augmente les contraintes articulaires.

Redha Taiar, professeur en biomécanique, et le fabricant d'équipements de protection Notrax ont testé en entreprise l'efficacité de tapis antifatigue contre ces troubles.

Plus loin que la chaussure

Face aux risques liés au piétinement, les entreprises équipent leurs employés de chaussures spéciales. "Cependant, elles ne respectent pas le mouvement naturel du pied, sont souvent lourdes et trop rigides : elles ont donc tendance à modifier la démarche et à poser d'autres problèmes pour les articulations. Et elles ne sont pas toujours portées", explique Redha Taiar, professeur spécialisé en biomécanique à l'université de Reims Champagne Ardenne. C'est pourquoi il a organisé, avec l'entreprise Notrax, le test d'une série de tapis antifatigue.

Plateforme de pression plantaire

Le test s'est déroulé dans une entreprise fabriquant des pompes à essence. Une vingtaine de personnes, hommes et femmes confondus, a été suivie pendant deux mois en 2011. Pendant le test, les employés ont travaillé successivement sur plusieurs tapis de caractéristiques différentes. Une plateforme de pression plantaire, comportant 1200 capteurs, a permis de mesurer la répartition des pressions des pieds (en situation statique puis en situation de travail dynamique) sans tapis puis avec chacun des tapis antifatigue. Par ailleurs, les employés ont été invités à donner leurs impressions avant et après l'utilisation des tapis.

Un déséquilibre néfaste

Côté quantitatif, Redha Taiar note que "sans le tapis et compte tenu des contraintes liées au travail, le corps est souvent déséquilibré vers la droite et/ou vers la gauche : à titre d'exemple pour un individu, nous avons obtenu une répartition du poids du corps de 30% sur le pied gauche et 70% sur le pied droit. C'est très néfaste pour le corps humain. Associés à de bons gestes ergonomiques, les tapis antifatigue permettent un rééquilibrage, et l'on retrouve des données proches des 50%-50%."

Des appréciations très variées

Côté qualitatif, ce rééquilibrage est confirmé par les utilisateurs. L'appréciation est souvent différente d'un employé à l'autre. Certains trouveront un tapis "trop mou", d'autres le qualifieront de "confortable et adapté". Sur un autre modèle, alors qu'il sera considéré comme "le meilleur" par plusieurs employés, il sera au contraire classé comme "le moins bon" par d'autres ! Toutefois, la spécificité de ce poste de travail a permis de dégager un tapis généralement préféré par l'ensemble de la population d'étude en raison de la nette diminution des douleurs et de la fatigue qu'il entraînait.

La version intermédiaire plébiscitée

Les différentes sortes de tapis antifatigue sont caractérisées par une rigidité variable et par une capacité de "mémoire de forme" (lorsque le matériau est capable de revenir à sa forme initiale) plus ou moins accentuée. "Le tapis qui a eu le meilleur résultat dans cette entreprise était une version intermédiaire : ni trop souple, pour ne pas affaiblir le talon d'Achille ; ni trop rigide", souligne Redha Taiar.

Compléter avec des conseils ergonomiques

L'entreprise qui a effectué le test est aujourd'hui en train d'équiper ses autres postes de travail de produits similaires. Pour compléter cet équipement de protection collective, elle a aussi procédé à l'affichage de "bonnes pratiques ergonomiques" détaillées par Redha Taiar : il s'agit avant tout de "varier ses appuis: appuyer en avant sur la pointe des pieds, en arrière sur les talons, sur le bord externe ou interne du pied… Ces conseils ont été affichés sur les postes de travail, formant un autre volet de la prévention".

 

Auteur : Par Caroline Kim, actuEL-HSE.

 
Pour découvrir actuEL-HSE.fr gratuitement pendant 2 semaines, cliquez ici.

Les derniers produits des risques professionnels

Réagissez en laissant votre commentaire !