A Dampierre, avec les "nomades" du nucléaire

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Des quatre tours de refroidissement qui s'élèvent sur les rives de la Loire, l'une a cessé de cracher de la vapeur d'eau. C'est un signe qui ne trompe pas : la tranche numéro 4 du centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Dampierre, dans le Loiret, réalise son arrêt annuel en ce mois d'avril 2011.

Pour l'occasion, plusieurs centaines de prestataires viennent renforcer les effectifs de la centrale, ordinairement de 1 200 employés, afin de décharger l'ensemble du combustible qui alimente le réacteur, en remplacer environ un tiers, et réaliser des travaux de maintenance.

De Gien à Sully-sur-Loire, les campings et motels des environs commencent à se remplir. C'est là qu'on croise ceux qu'on appelle les "nomades" ou "invisibles" du nucléaire. Employés par des sous-traitants, ils sont environ 20 000 en France, presque autant que les agents EDF, à effectuer différentes missions dans les centrales nucléaires. Ils voyagent de site en site, au gré des arrêts de tranche des 58 réacteurs que compte l'Hexagone. Certains partagent des gîtes ; d'autres, qui ont pu investir dans un camping-car, baladent leur caravane.

UNE VIE VAGABONDE

Croisé au Caravaning de la forêt, à Ouzouer-sur-Loire, Olivier Boulanger, la cinquantaine énergique, fixe sa moto sur une remorque. Employé par la société Intercontrôle, filiale d'Areva, il vient de terminer une mission de contrôle de soudure dans la région. Ce soir, il rentre auprès de sa femme et de ses enfants à Evreux, dans l'Eure. Dans deux jours, il partira pour deux semaines au Cap, en mission dans une centrale sud-africaine.

C'est dans les années 80 que s'est systématisé le choix par EDF de sous-traiter les travaux de maintenance sur ses centrales. Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l'Inserm et auteure de L'Industrie nucléaire : sous-traitance et servitude (Inserm, 2000), explique : "EDF était confronté à une contradiction irréductible, liée au travail en milieu contaminé. Avec un personnel permanent, il est impossible de gérer le travail de maintenance des centrales tout en respectant les limites de doses annuelles, car ce sont des missions saisonnières mais très coûteuses en doses radioactives. EDF a donc choisi d'externaliser le risque." Lire la suite de l'article...

Auteur : Mathilde Gérard, Le Monde.fr

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