CECILE et ICARE confirment que les travailleurs ne sont pas tous égaux face au cancer

Classé dans la catégorie : Institutionnels

"Les patients des milieux défavorisés subissent une triple peine : l’inégalité face aux risques, le cancer lui-même et l’inégalité pour le retour à l’emploi", a affirmé le Pr Marcel Goldberg, lors d'un colloque sur le thème « Cancer et travail » organisé à Paris à la mi-décembre.

Parmi les recherches récentes qui illustrent ces inégalités face au cancer liées au travail, citons l’étude cas-témoin CECILE conduite auprès de 2.500 femmes, dont la moitié atteinte d’un cancer du sein. Les premiers résultats mettent en lumière un risque accru de ce cancer chez les infirmières et les ouvrières de l’industrie textile. Mais aussi chez les femmes ayant travaillé la nuit entière (23h-5h) dont le risque de cancer du sein est accru de 40 % par rapport aux femmes n’ayant jamais travaillé de nuit. « L’excès de risque est moins élevé pour les femmes travaillant en début ou en fin de nuit. Il est en revanche augmenté en cas de changements d’horaires fréquents dans la semaine et lorsque la durée du travail de nuit excède trois ans », explique le Pascal Guénel, le coordinateur de l'étude. Ce résultat confirme les conclusions d’autres études internationales qui ont conduit le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) à classer le travail de nuit comme cancérogène probable. En revanche, l’étude n’a pas montré de lien entre l’utilisation de substances chimiques cancérigènes, comme les solvants (benzène...) et le risque de cancer du sein. « Cela pourrait s’expliquer par des informations insuffisamment précises sur les expositions professionnelles », précise Pascal Guénel.

L’étude ICARE, conduite par Isabelle Stücker et Danièle Luce, épidémiologistes à l’Inserm, auprès de plus de 8.000 personnes, a montré un excès de cancers du poumon chez les monteurs en appareillage électrique, les plombiers et les travailleurs de la construction et un excès de cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS) chez les femmes de ménage, les ouvrières du façonnage et de l’usinage des métaux. Le rôle de l’exposition à une soixantaine de substances sera prochainement examiné, dont l’amiante, les fibres minérales artificielles (utilisées en alternative de l’amiante), le formaldéhyde, les fumées de diesel et de soudage.

Une autre série d’études a abordé les difficultés de retour à l’emploi après un cancer. Là encore, les catégories socioprofessionnelles défavorisées sont les plus touchées (un ouvrier sur deux a un emploi deux ans après un cancer, contre trois sur quatre chez les professions intermédiaires, artisans, commerçants ou chefs d’entreprise). Autre enseignement : la communication entre médecin du travail et médecin traitant reste très limitée.

Sources : Journal de l'Environnement, Viva Presse

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Auteur : HESA

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